LES AUTORITÉS DE LA TRANSITION ONT INSCRIT LA LUTTE LA CORRUPTION EST INSCRITE DANS SES PRIORITÉS. LA PREUVE, LE PRÉSIDENT DE LA TRANSITION BA N’DAW L’A ANNONCÉ DANS SON DISCOURS D’INVESTITURE AVEC DES MOTS TRÈS FORTS. BA N’DAW A DIT DANS CE DISCOURS, CE QU’ATTENDAIENT L’ÉCRASANTE MAJORITÉ DES MALIENS DES AUTORITÉS DEPUIS DES LURETTES. SURTOUT, QUAND ON SAIT QUE LA CORRUPTION A PRIS UNE PROPORTION INQUIÉTANTE AU MALI.
Pour réussir le pari de la lutte contre la délinquance financière au Mali les autorités de la transition entendent non seulement dépoussiérer certains dossiers de corruption mais aussi et surtout assainir l’administration malienne en y délogeant tous les cadres pourris.
Le Mali est cité parmi les pays les plus pauvres et les plus corrompus de la planète. Selon un audit réalisé en 2018 par le Canada sur les comptes du Mali, plus de 700 milliards FCFA ont été pompés, ces 12 dernières années (2005-2017), dans les caisses de l’Etat par les bandits financiers qui ne sont autres que des gouvernants. A ce jour, les autorités maliennes n’ont pu donner aucune explication sur la disparition de ces milliards aux partenaires. Les responsables de cette tragédie financière même s’ils sont connus, n’ont jamais été inquiétés. Le hic est que à la même période, les conséquences fâcheuses de la corruption sont patentes et affectent tous les secteurs vitaux ou presque du Mali.
Après 60 ans d’indépendance, le Mali n’a toujours pas une école digne de ce nom, encore moins d’hôpitaux fréquentables et de routes praticables. Parce que ceux qui sont censés faire ce travail se soignent à l’extérieur et envoient leurs enfants étudié à l’extérieur avec de l’argent volé dans les casses publiques.
L’ancien Président de la République avait décrété, en fanfares, l’année 2015, année de lutte contre la corruption et la délinquance financière au Mali. Mais il se trouve que dans l’histoire du Mali, IBK reste le Président qui a plus échoué face au phénomène de la corruption. Sous son règne son fils, ses amis, des membres du gouvernement et de la famille présidentielle ont vidé toutes les caisses de la République. Sans sourciller. En moins de 5 ans, 1230 milliards FCFA destinés à la formation et l’équipement des forces armés et de sécurité ont été détournés. La mauvaise gestion des derniers publics sous IBK a suscité une colère généralisée, laquelle a finalement eu raison de ce régime puisqu’IBK qui chassé du pouvoir le 18 août dernier une horde de militaire avec à sa tête, le Colonel-major Assima Goïta.
Les déclarations de Ba N’Daw redonnent espoir aux Maliens, pourvu que son combat contre la corruption ne se limite pas aux discours comme ce fut le cas de son prédécesseur IBK.
«Générer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers. Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques. Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement », a assuré BA N’DAW lors de son investiture le 25 septembre dernier.
Des anciens ministres, Premiers ministres et de nombreux hauts cadres bientôt interpellés par le Pôle économique.
Désigné président de la transition par junte, Ba N’Daw n’avait d’autre choix que de mettre la lutte corruption au cur de ses priorités. Parce que c’est une recommandation de la charte de la transition qui a été adoptée par les forces vives de la nation lors des concertations nationales..
La liste des personnalités déjà ciblées, dans le cadre de la croisade contre la délinquance, est longue. Pour réussir cette lutte, la transition a jugé nécessaire de saisir des documents de voyage (passeports diplomatiques) que détenaient de nombreuses personnalités et proches du régime défunt, afin de leur empêcher de fuir.
C’est l’ex DG de l’ORTM Sidiki N’Fa Konaté qui a ouvert le bal des poursuites judiciaires contre les délinquants financiers sous la transition de Ba N’DAW. En tout cas, il est la première personne qui a été écrouée sous cette transition. On lui reproche de n’avoir pas pu justifier la volatilisation de plus de 4 milliards FCFA quand il était DG de l’ORTM. Il a été rejoint quelques jours après par le maire de la commune II, Aba Niaré. Selon plusieurs sources, ceux-ci ne seraient pas les seuls, ils seront rejoints, dans les prochains jours, par d’autres fossoyeurs de la République. Les mêmes sources indiquent que sur la liste noire du Pole économique figure des anciens ministres et anciens Premiers ministres, des hauts cadres des services publics et des maires dont le sport favori serait la spéculation foncière.
Les anciens Premiers ministres Soumeylou Boubèye Maïga et Abdoulaye Idrissa Maïga ne seraient pas en marge. Ils seraient sur le point d’être interpellés au sujet d’une affaire de plus d’un milliard disparu à la Primature. C’est la première fois que le nom d’Abdoulaye Idrissa Maïga est mêlé dans une affaire de détournement, contrairement à Soumeylou Boubeye Maïga qui est soupçonné dans plusieurs dossiers dont celle rocambolesque des équipements militaires. Ce dernier n’a jamais été inquiété par quiconque, même par le pôle économique. Mais laisse croire que Soumeylou Boubèye s’expliquera, cette fois, devant le juge anticorruption par rapport aux faits qui lui est reproché.
L’affaire Baber Gano concernant plus de 400 millions FCFA détournés à l’Office du Niger sera déterrée ainsi que celle des engrais hors norme qui coince Dr Bocar Tréta. Le dossier brûlant sur les hélicoptères cloués au sol sera recouvert remis à la justice. Aussi, il est très attendu un audit sur les subventions les intrants et équipements agricoles de ces dernières années. A noter que l’Etat malien accorde 15% du budget au monde rural. Au même moment, il est inadmissible de constater que les agriculteurs ont du mal d’accéder aux engrais et équipements agricoles subventionnés. Un audit est également attendu sur l’utilisation du fonds COVID19 qui était géré par l’ancien Premier ministre Boubou Cissé.
De nombreux cadres toujours en fonction seraient également dans la ligne de mire des autorités de transition et de la justice. Le Président de la transition aurait déjà donné des consignes de relever tous les Directeurs dont leur gestion n’inspire pas confiance. D’ores et déjà, des directeurs nationaux ou généraux qui puent l’odeur de la magouille ont été éjectés de leurs postes. Il s’agit du Directeur Général des Routes et le PDG de l’Ageroute dont leur gestion a été fortement décriée ces dernières semaines en raison de la dégradation inexplicable de l’ensemble infrastructures routières du Pays. Alors que l’état consent, chaque année, de colossaux moyens financiers pour l’entretien des routes du Mali. Le limogeage d’autres hauts cadres corrompus de l’administration serait téléchargement. Du coup, c’est le sauve- qui- peut sous cette transition !
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment du Mali