Après ses deux meeting des 5, et 19 juin et 10 juillet au cours desquels, le M5-RFP a pu mobiliser des centaines de milliers de ses militants et sympathisants, le mouvement de contestation semble avoir du plomb dans les ailes. Depuis la répression sanglante des forces de l’ordre et de sécurité qui a occasionné des dizaines de morts et des centaines de blessés, le mouvement de contestation du régime IBK connaît bien un recul notable.
De la démission d’IBK et la fin de son régime, sur demande expresse de Mahmoud Dicko sous la diligence du Chérif de Nioro, le M5 avait concédé à une trêve qui devait rapprocher les positions du pouvoir et de l’opposition. Contre toute attente des observateurs politiques, de l’opinion nationale et internationale, au lieu d’une paix des braves, on a assisté une non- avancée.
L’exécutif sous la houlette du Chef de l’Etat, a fait le jeu de la montre pour essayer de reprendre la main, en ne proposant, en lieu et place d’un Gouvernement consensuel d’unité nationale, que des postes ministérielles à la contestation et à la société civile. Alors que cette dernière se trouve bien représenter dans le M5. Cette politique apparente de la main tendue d’IBK, qui n’est autre qu’une ruse pour permettre l’essoufflement de son opposition, a presque tendance à réussir. Notamment, lorsque la médiation CEDEAO est venu briser tout espoir de résolution endogène du contentieux politique malien.
Résultat : les lignes, au lieu de bouger, se sont au contraire figées. Puisque le M5 s’est radicaliser en revenant sur son mémorandum qui laissait un fauteuil honorifique au Chef de l’Etat contre la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale où l’opposition aurait obtenu la commande à travers un PM de large pouvoir issu de ses rangs. Toutes choses qui n’ont pas plus à IBK et ses pairs de la CEDEAO. Lesquels ne sont d’accord que pour un partage du pouvoir mais tout en gardant les portefeuilles ministériels, notamment régaliens mais concédant à la demande de ses pairs de l’organisation ouest africaine pour la démission des députés « mal élus ».
Une requête totalement rejetée par les intéressés (pouvoir et opposition) qui considèrent qu’eux et le président de la république sont investis par des arrêts de la Cour Constitutionnelle. Les députés « mal élus » considèrent qu’ils bénéficient de la même légitimité juridique que le Chef de l’Etat. Qui ne peut nullement les contraindre à la démission. Une situation qui se complique davantage lorsque, pour pouvoir remplacer la présidente et les trois conseillers non démissionnaires de la Cour, le président signe un décret que la quasi-totalité des constitutionalistes qualifient de non constitutionnels.
Cette solution du pouvoir et de la Communauté internationale n’étant pas partagé par le M5, celui-ci a décidé d’aller en désobéissance civile dans toutes les villes du Pays. La première journée ayant indisposé des citoyens de tout bord et au cours de laquelle, les malfrats ont profité pour cambrioler ou racketter des paisibles citoyens, le M5 a revu sa stratégie.
Au lieu dorénavant d’instaurer le blocus sur les voies qui ne serait pas populaire tant la quasi-totalité des maliens vivent le jour au jour, le M5 a finalement choisi de convaincre les travailleurs à fermer leur lieu de travail. Cette nouvelle stratégie de non-violence des contestataires pour faire chuter IBK et son régime fera-t-elle recette ? Tout compte fait, on ne peut pas faire d’omelettes sans casser des œufs ? Wait and see !
Falaye Kéïta
Source : Le Pélican