Invité à Paris la semaine dernière par l’APS, l’Association pour la promotion de la culture et de la langue Soninké pour rendre un hommage mérité à feu Diadié Soumaré, M. Ibrahima Diawara, fondateur de Ibi Group, l’industriel, l’homme d’action du Mouvement Malien Tout court, a été reçu dans l’Emission Face à vous.
Pour lui, M. Diadié Soumaré est un exemple pour la diaspora malienne et africaine. «Voilà, un monsieur qui arrive à Paris l’âge de 18 ans. Illettré, car ne sachant ni lire ni écrire. Il s’inscrit dans les cours du soir pendant 18 ans pour enfin décrocher le diplôme d’Expert-comptable. Quelle détermination et quelle volonté de réussir. Il était au service de tout le monde. Il s’est battu pour son pays d’origine, le Mali et son pays d’accueil, la France et surtout pour toute la Diaspora. Voilà, un homme qui est un exemple pour la première et deuxième génération des immigrés. Diadié est un symbole de réussite pour la Diaspora africaine » explique-t-il.
M. Diawara a profité de son séjour pour échanger avec la communauté malienne, les amis du Mali et les jeunes franco-maliens pour comprendre ce qu’ils pensent du Mali. Parce que pour lui, quand on traverse une crise aussi profonde que la nôtre, il faut échanger avec les autres pour comprendre leurs visions du Mali. Ainsi, les jeunes dans les foyers pensent que ce qui nous arrive est la faute aux Maliens avec une mauvaise gouvernance et un rejet des politiques. C’est pareil pour la nouvelle génération qui est désespérée et qui ne voit plus de perspectives pour le pays. «Mon rôle à moi était de dire que non, tout n’est pas perdu. Il y a des pays qui ont traversé dans moments plus difficiles mais qui ont pu, par l’engagement et la volonté, sortir de ses problèmes. Le Rwanda peut être cité aujourd’hui comme un exemple de ce cas. Il faut seulement avoir un leader visionnaire» a fait savoir M. Diawara.
A la question de savoir si les Maliens qu’il a rencontrés souhaitaient rentrer au pays, le patron d’IBI Group répond sans ambages que personne ne veut vivre à l’étranger mais chez soi. Pour lui, c’est par nécessité que ces Maliens vivent en France, sinon, leurs parents et les esprits sont au Mali. Ils sont très souvent pressés d’y rentrer. Et c’est aux autorités de créer pour cela.
Au passage M. Diawara fait savoir qu’il a été bien accueilli par les Maliens en France pour ses actions concrètes sur le terrain.
Le pourquoi de la création du Mouvement Malien tout court, mouvement pour la solidarité et développement, M. Ibrahima Diawara l’explique par le besoin de réconcilier les maliens entre eux-mêmes et développer le pays à travers des actions concrètes sur le terrain. Il explique son succès personnel par le travail, l’audace et la volonté de réussir avec détermination. M. Diawara explique son retour au bercail où il rentre de l’Indonésie en 2000 pour importer le modèle de réussite de ce pays au Mali. Aujourd’hui, il est à la tête d’une dizaine d’entreprises évoluant dans plusieurs secteurs d’activités.
3 juillet levée des sanctions pour le Mali par la CEDEAO, quel soulagement ?
Concernant la levée des sanctions par la CEDEAO contre le Mali, M. Ibrahima Diawara pense que le pays a traversé des moments très difficiles. D’abord le Mali était dans un trou avec la crise sécuritaire et sanitaire et d’un coup l’embargo. «Là, je salue la résilience du peuple malien car il n’était pas évident de s’en sortir avec l’augmentation du jour au lendemain des prix des denrées alimentaires. Je suis chef d’entreprise et on a énormément souffert. On pouvait plus exporter et on était en rupture de stock. Malheureusement, certains ont fermé les portes» explique-t-il.
Le Mali de demain ?
Le patron d’Ibi Group voit le Mali de demain comme un Mali où on peut mieux vivre. Pour lui, le coton seul peut être un moteur de développement du pays. «Aujourd’hui, nous sommes contents en disant avec 760 milles tonnes nous sommes premiers producteurs. Cela avec 360 milliards de FCFA de chiffre d’affaire qu’on peut amener à 1000 milliards de F CFA » note-t-il. Pour lui, rien qu’en augmentant la densité du rendement par hectare on peut gagner beaucoup plus. M. Diawara pense qu’il faut davantage former la jeunesse car c’est le socle du développement. «Il me faut souvent amener des indiens pour venir faire le travail que les Maliens pouvaient faire mais hélas en manque de formation, ils ne peuvent pas» regrette-t-il. Donc, pour lui, il faut former la jeunesse pour industrialiser le pays. Et, M. Diawara voit le développement du pays à travers le secteur agricole et il est en train d’œuvrer dans ce sens à travers des formations. «Le pays est traversé par deux grands fleuves et nous continuons à importer de la nourriture, c’est une honte» martèle-t-il.
Vous comptez gérer le Mali un jour ?
Là, M. Diawara répond sans ambages qu’il n’est pas un homme politique. Aujourd’hui au Mali quand vous parlez d’hommes politiques, pour beaucoup de gens c’est de l’insulte, c’est comme des vendeurs de vent. «Je suis un industriel, un chef d’entreprises qui se bat pour son pays. Je participe déjà à la gestion du pays à travers la création d’emplois. Je suis actif dans la réconciliation des communautés. J’ai une fondation qui permet de faire des actions humanitaires en donnant de l’eau, des vivres, qui forme les jeunes et autres» a-t-il fait savoir.
Enfin, M. Diawara invite la jeunesse, les femmes et les hommes maliens de ne pas perdre espoir. Certes les temps sont durs mais l’espoir est permis. Il y a des pays qui ont connu des moments plus difficiles que ceux que le Mali est en train de traverser. Mais, avec l’engagement, la détermination et une bonne vision, on s’en sortira. Il faudra comprendre que personne ne viendra faire le pays à notre place. Alors, œuvrons pour l’intérêt général.
Transcris par Dieudonné Tembely