En marge des journées de promotion de la contractualisation dans la filière Sésame du Mali, le président de l’interprofession de la filière, M. Soumaïla Coulibaly nous a accordé une interview. Au cours de cette interview, il a présenté brièvement la filière Sésame, il a parlé des défis pour lesquels le secteur est confronté mais également des stratégies qu’il compte mise en œuvre dans le but de booster le secteur.
Tout d’abord, M. Soumaila Coulibaly expliquera que la filière Sésame est stratégique pour le Mali et d’où l’approche du pays par rapport à la gouvernance de cette filière qui est assurée par l’interprofession de la filière Sésame en collaboration étroite avec les autorités responsables de l’agriculture. Alors, la filière Sésame regroupe aujourd’hui trois familles. Il s’agit de la famille des producteurs qui est regroupée au sein d’une fédération, la fédération nationale des producteurs du Sésame du Mali. Il y a aussi la famille des transformateurs qui est la fédération nationale des transformateurs du Sésame et les commerçants sont regroupés au sein de la coordination nationale des sociétés pour la valorisation et la commercialisation du Sésame du Mali.
Parlant de la rencontre des deux jours, M. Coulibaly dira que c’était des journées de promotion de la contractualisation dans la filière Sésame du Mali. Pour lui, cette rencontre fait partie d’un programme de sensibilisation qui vise à promouvoir la production et la commercialisation. Et après ces journées, dit-il, « il y aura un programme de sensibilisation sur le terrain qui va nous amener dans 13 localités afin de pouvoir sensibiliser les producteurs à la base sur l’importance de l’agriculture ». Car, ajoute-t-il « l’idée c’est de conclure et de commercialiser le Sésame à travers l’agriculture pour la compagne. Tout cela fait partie d’un projet qui s’étale sur 5 ans. C’est le programme d’agriculture contractuelle dans la filière Sésame du Mali, donc, c’est la première année ».
« Nous sommes en train de mettre toutes les parties de l’agriculture ensemble ; notamment, les acteurs directs, mais aussi les fournisseurs d’intrants, les institutions de finance et autres. Tout cela fait partie d’un projet assuré par l’État » fait-il savoir.
Parlant des défis ou des difficultés de la filière, le Président Coulibaly indiquera qu’il y a en beaucoup. Mais, pour lui, aujourd’hui, le plus grand défi, concerne l’organisation et l’encadrement de la commercialisation.
« Aujourd’hui, on se donne un objectif de 30.000 tonnes, mais, pour votre information, la production nationale est autour d’environ 70.000 tonnes ». « Et pourquoi ne pas aller viser les 70.000 tonnes ? » s’interroge-t-il avant de répondre que « c’est parce qu’il faut que des mesures externes venant des autorités soient prises afin d’organiser et d’encadrer la commercialisation ». Pour lui, « sans ces mesures d’encadrement et d’organisation de la commercialisation, les contrats peuvent être vraiment mis en mal.
« Donc, pour cela, en toute prudence, nous visons l’objectif de 30.000 tonnes. Donc, j’aime le dire, la plaie de toute filière est une mauvaise commercialisation. Donc, le vrai défi aujourd’hui, au stade actuel, on peut dire que c’est la commercialisation » fait-il savoir.
Selon M. Soumaila Coulibaly, l’autre défi aussi à relever reste l’augmentation ou l’amélioration de la productivité ou les rendements. « Jusqu’à présent, les producteurs ne maîtrisent pas totalement les techniques culturales ou ne maîtrisent pas tout ce qui est pratique en termes de fertilisation et de traitement et surtout en termes d’information par rapport au moment d’implantation des cultures » avoue-t-il. Toute chose, dit-il, qui impacte négativement les rendements. « Nous sommes vraiment en train de travailler dans ce programme avec un objectif d’améliorer significativement les rendements par hectare. C’est vraiment un défi que nous nous donnons pour pouvoir le relever » dit-il.
Pour le Président Coulibaly, l’encadrement, les conseils, c’est aussi important que les besoins directs des producteurs. Car, dit-il « Il est clair que sans encadrement de proximité et sans implication de toutes les autorités locales, cela va être difficile ». « Ce qui fait que nous avons mis aussi l’accent sur la formation des points focaux dans les bassins de production qui, avec les collectivités territoriales et les autorités coutumières, vont être désignés dans les bassins, formés à la sensibilisation, à la formation des producteurs afin que les gens s’inscrivent, adoptent la contractualisation » indique-t-il.
Parlant des partenaires de la filière, le Président Coulibaly dira « lors de ces journées que vous avez vues, il y a deux acheteurs étrangers qui ont tenu à être là parce que, même si le marché c’est la finalité, le marché c’est l’élément déclencheur ». « Donc, ils sont venus avec leurs besoins pour la campagne : qu’est-ce qu’ils attendent de collecter aujourd’hui ? On a déjà reçu d’eux une demande de plus de 30.000 tonnes. Mais aussi, nous avons de la transformation locale, même si c’est à petite échelle » note-t-il.
« Comme je l’ai dit tantôt, les transformateurs ou transformatrices qui sont là, nous avons pris des décisions pour sécuriser leurs besoins en matière première, pour leur permettre de conduire leur activité. Mais il y a une industrie, aujourd’hui, on peut compter que nous saluons la société de Seydou Keita, qui a manifesté son intérêt pour du sésame aussi, et les besoins qu’ils nous ont présentés sont de l’ordre de 10.000 tonnes. Donc, ça c’est la priorité » fait-il savoir. Aussi, dit-il, les échanges sont en cours avec cette usine, afin de voir dans quelles mesures nous pouvons contribuer à la sécurisation de son approvisionnement à travers ces programmes. « Donc, mettons à bout à bout ces éléments, vous comprenez aisément qu’il y a en face un potentiel de marché de plus de 40.000 tonnes déjà. Mais nous, nous donnons comme objectif de sécuriser 30.000 tonnes » avoue-t-il.
En termes de partenaires techniques, dit-il, la filière a vraiment bénéficié et continue de bénéficier de l’appui de certains partenaires techniques, comme la coopération Luxembourgeoise, à travers l’agence Lux Dev. Aussi, il y a la fondation Agra, qui a un partenariat avec l’interprofession dans tout ce qui est résilience des femmes et des jeunes en milieu rural. Aussi, ajoute-t-il, il y a des fournisseurs d’intrants, qui ont souhaité avoir des partenariats stratégiques afin de pouvoir faire de ce programme-là une réussite.
En outre, indique-t-il, la BNDA, à travers l’offre Agriculture prospère, souhaite accompagner l’interprofession dans tout ce qui est besoins de production, mais aussi les besoins de commercialisation. Donc, avoue-t-il, il y a des assurances, pour les questions de changement climatique. « Nous avons quand même signé plusieurs conventions avec des partenaires stratégiques afin de pouvoir accompagner le processus de contractualisation, qui, petit à petit, nous pensons, va non seulement couvrir les productions actuelles, mais booster la production nationale » a indiqué le président de l’interprofession de la filière Sésame.
S’agissant du nombre de personnes qui travaillent aujourd’hui dans le secteur, le Président Coulibaly dira « il y a 47 000 familles qui sont enrôlées sur notre plateforme digitale ; histoire de vous dire que nous travaillons avec une société de digitalisation, qui, d’ailleurs, les points focaux qui vont être formés seront les agents de base, afin d’enrôler les producteurs, mesurer les superficies et ces producteurs, aujourd’hui, les 47 000 producteurs, exploitent environ, un peu plus de 250 000 hectares. Mais, spécifiquement en sésame, ils exploitent 111 000 hectares ». Pour lui, ce sont les données qui sont là, mais qui sont actualisées campagne par campagne et ce qui sont identifiés. Mais, dit-il, le secteur touche beaucoup plus de producteurs que ça.
Parlant des régions concernées par la culture du Sésame, le Président Coulibaly dira que les régions de Mopti, Ségou, Sikasso, Koulikoro et Kayes, bref, toutes les régions du sud du pays sont concernées aujourd’hui par cette culture du Sésame. Et aujourd’hui, fait-il savoir, « on a des demandes vers Ménaka, Gao, Tombouctou, puisque les sésames, c’est quand même une culture qui a moins d’exigence en eau, comparée à d’autres productions qui ne peuvent réussir que dans des zones à haute pluviométrie ».
Après ces journées, l’étape suivante pour lui, sera la mise en œuvre du projet de la contractualisation avec la sensibilisation du terrain. « Comme je l’ai dit tantôt, les 13 localités verront cet événement-là se tenir dans leur localité et qui, par la suite, va être accompagnée de la formation des points focaux, l’enrôlement des producteurs, la mise en place des intrants nécessaires à la production et l’octroi des crédits par les institutions financières afin de pouvoir accompagner la campagne de production » note-t-il.
Le président Coulibaly lance l’appel aux producteurs, aux commerçants, aux transformateurs et à toutes les parties prenantes, que la base de toute collaboration est la confiance. « Faisons-nous confiance, donnons-nous la main, soyons loyaux dans nos collaborations et respectons nos engagements, respectons nos engagements, encore respectons nos engagements et tous ceux qui ne sont pas prêts aujourd’hui à rentrer dans ce chemin de contractualisation, ce n’est pas une obligation, ils peuvent attendre, observer et voir les pionniers qui vont être là-dedans et il est prévu de faire un bilan en fin de campagne. Donc au bilan de la campagne, tous ceux qui comptent rejoindre le bateau sont les bienvenus » dit-il.
Pour terminer, dit-il, « je remercie les autorités qui ont toujours montré à plusieurs reprises leur engagement à soutenir la filière Sésame qui est une filière stratégique pour le Mali. Que Dieu apaise les esprits, que Dieu fasse que la paix règne ou qu’elle revienne dans les zones affectées par les différentes crises et que Dieu bénisse le Mali ».
Par Dieudonné Tembely