M5-RFP : Des leaders accusent Choguel d’instrumentaliser le mouvement

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Mohamed A Bathily et Konimba Sidibé
Mohamed A Bathily et Konimba Sidibé

Loin donc d’être l’instrument au service de la refondation du Mali Kura, le M5-RFP n’est plus que l’ombre de lui-même. C’est du moins le sentiment de certains anciens alliés de Choguel Kokalla Maïga. Ils l’ont fait savoir à travers une déclaration signée par Mohamed Ali Bathily de Faso De, Cheick Oumar Sissoko d’EMK (Espoir Mali Kura) et Konimba Sidibé du Modec.

La guéguerre continue entre Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la Transition, non moins Président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-FP),  et ses anciens alliés de cette principale force ayant contribué à faire chuter le régime IBK. S’ils ont su unir leurs forces face à ce régime défunt, ils sont, depuis l’arrivée de Choguel à la tête du Gouvernement de la transition, des ennemis politiques. Cette division a commencé depuis la mise en place du Gouvernement de la Transition, avec à sa tête un Premier ministre non issu du M5-RFP.  Il s’agit de Moctar Ouane. Pour une tendance du M5-RFP, cela a été une injustice. Pour d’autres à l’époque comme Issa Kaou N’Djim, qui ont choisi de continuer à soutenir les militaires, l’objectif qui était d’arriver à mettre fin au régime d’IBK a été atteint et le reste n’avait pas d’importance. C’est pourquoi il disait à l’époque que le « M5-RFP était mort de sa belle mort ».

La lutte de la tendance Choguel a fini par porter ses fruits avec le second coup d’Etat orchestré contre Bah N’Daw, Président de la Transition, et Moctar Ouane. Un coup d’Etat qui a vu l’injustice réparée avec le poste de Premier ministre confié à Choguel Kokalla Maïga.

Au lieu que cette réparation ou du moins cette rectification de la transition, selon les termes des membres du RFP-RFP, soit le début d’une paix durable entre héritiers de cette force politique, l’opinion a assisté  plutôt à une détérioration du climat au sein du M5-RFP.

Contrairement à la volonté de certains, Choguel Kokalla Maïga n’a pas cédé son poste de Président du Comité stratégique du M5-RFP une fois nommé Premier ministre. Une situation qui a continué à être décriée par certains de ses anciens alliés comme Mme Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, Konimba Sidibé, Mohamed Ali Bathily, Cheick Oumar Sissoko… Ils sont tous membres du Comité stratégique du M5-RFP et exigent que le Premier ministre cède le poste de présidence du Comité. Ils pensent aussi que certaines pratiques qu’ils ont dénoncées sous le régime déchu continuent avec cette transition.

Ces agissements d’anciens alliés ont fini par pousser l’instance dirigeante du M5-RFP à prendre des mesures drastiques contre eux. Beaucoup ont été suspendus ou définitivement exclus du Comité stratégique.

Malgré ces mesures à leur encontre, ils continuent de dénoncer les agissements du Premier ministre.

Dans une déclaration en date du 22 juin 2022, 3 figures importantes dont Cheick Omar Sissoko de Espoir Mali Kura, Mohamed Ali Bathily du mouvement Faso DE et Konimba Sidibé du Modec ont appelé à un rassemblement de tous les patriotes maliens sous un nouveau leadership M5-RFP pour, disent-ils, réussir la transition et bâtir le Mali Kura. Ils reconnaissent tout de même les résultats positifs obtenus en matière de lutte contre l’insécurité, ainsi que la souveraineté nationale mieux assumée. Des résultats, affirment-ils, qui font de nos jours la fierté du peuple malien. Pour eux, ces résultats sont dus au choix de la junte militaire qui, selon eux, dès sa prise du pouvoir, a décidé de diversifier son partenariat et sa stratégie en matière de lutte contre les groupes terroristes djihadistes.

Selon le trio, la rupture avec les mauvaises pratiques et la pose des piliers de la refondation du Mali » restent la deuxième grande attente du peuple malien de ce deuxième gouvernement de transition. Selon eux, la rectification est restée un slogan jusqu’à ce jour, à la grande déception de tous ceux qui ont cru au changement annoncé par le MS-RFP.

« Les mauvaises pratiques de gouvernance continuent de plus bel.  Ayant senti ce risque avant l’heure, des dirigeants du M5-RFP ont demandé de tout faire pour maintenir notre Mouvement dans son esprit d’origine et de prendre des dispositions pour qu’il continue à être une force politique puissante jouant efficacement un rôle de veille  et de propositions afin de maintenir la transition sur la trajectoire de la rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance et pour la poursuite de la refondation du Mali après la période de transition », affirment-ils dans leur déclaration.

Pour le trio, toutes les actions menées pour faire du M5-RFP une vraie force politique ont été sans succès. Parmi les mesures qui étaient préconisées dans ce sens mais qui n’ont pas pu être concrétisées, selon eux, nous avons par exemple le maintien du consensus des entités membres du M5-REP pour la prise des décisions majeures,  la mise en place d’un cadre de concertation CS – Premier ministre, l’évaluation périodique de l’  application du Plan d’Action Gouvernemental issue de la feuille de route du M5-RFP, etc.

« Le PM a réussi à faire du M5 -RFP une simple caisse de résonance de son Gouvernement.  Pour son agenda personnel, il a détruit la cohésion du M5-RFP et divisé le peuple malien en ayant comme ligne de conduite le populisme et la marginalisation des forces politiques et sociales.  Ont été utilisé à cette fin la propagande : la terreur médiatique : l’abus de pouvoir (exclusion de membres du Comité stratégique, utilisation des forces de l’ordre à une réunion du CS, recours abusif à l’Ortm pour humilier des membres du  CS) : et l’agression physique d’un membre du Comité Stratégique », a dénoncé le trio. Selon eux, loin donc d’être l’instrument au service de la refondation du Mali Kura, le M5-RFP n’est plus que l’ombre de lui-même. Ils ont également accusé le Premier ministre d’avoir engagé une tentative de déstabilisation de la transition à travers la publication d’un communiqué du comité stratégique du M5-RFP incitant à la confrontation directe entre le Président du CNT traité d’opposant à la transition en accointance avec les forces hostiles à la transition d’une part, et le Président de la transition d’autre part. Pour eux, par ce geste, le Premier ministre joue à une instrumentalisation du M5-RFP à d’autres fins.

Face à cette situation, ils ont appelé à un sursaut patriotique et au rassemblement et non à la division pour, disent-ils, une rupture véritable avec les mauvaises pratiques de gouvernance et bâtir le Mal Kura.

Affaire à suivre

M.Dolo

Source : Le Tjikan

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