Seulement cinq jours après le Coup d’Etat du 18 août, la junte de Kati a fait adopter et publier au Journal officiel son Acte fondamental. Un texte supraconstitutionnel qui confère au Colonel Assimi GOÏTA, le titre du Chef de l’Etat, et qui n’a été rendu public que le 27 août dernier.
« Cet Acte Fondamental est un mauvais geste ». L’avocat et ancien ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté est l’une des premières personnalités à dénoncer le document adopté unilatéralement par le Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP). Pour lui, l’Acte fondamental de la junte est le « signe évident de l’accaparement du pouvoir d’Etat, exercé solitairement, par la suite, autoritairement, hors contrôle du peuple ».
Dans le fond, l’Acte fondamental reconnaît au seul Comité national pour le Salut du Peuple la légitimité de gérer la période transitoire. Aussitôt installé dans ses fonctions de Chef de l’Etat, en vertu de l’article 32 du document dont il est le seul signataire, le Colonel Assimi GOÏTA convoque « très urgemment » une rencontre pour des « échanges sur l’organisation de la transition ». Le Chef de la junte prend le soin d’énumérer des organisations invitées à cette rencontre par un communiqué flanqué de l’emblème de l’Etat.
Non content de n’avoir pas été associé à cette décision de rencontre, le Mouvement du 5-juin à l’origine de l’appel à la démission du président IBK annonce qu’il ne répondra pas à la convocation du CNSP. Une fissure entre les deux forces ayant mis fin au régime IBK qui a obligé la junte à annuler la rencontre alors même que des « ministrables » occupaient les premiers fauteuils de la somptueuse salle des 1000 places du Centre International de Conférence de Bamako.
Erreur de débutants ?
Deux semaines après la chute du régime IBK, ses tombeurs ne rassurent pas. En tout cas, pas encore. Après avoir nié l’évocation de la durée de la transition avec la CEDEAO, le porte-parole des militaires, le charismatique Colonel Ismaël Wagué a fini par reconnaître qu’ils ont bien proposer une transition de deux ans au Médiateur Goodluck Jonathan. Mais là où, la junte n’inspire pas confiance, c’est lorsqu’elle confère à son Acte le pouvoir de « modifier ou suppléer » les dispositions de la Constitution du 25 février 1992. « C’est du jamais vu », s’étonne le chercheur Baba Dakono, invité ce dimanche soir sur l’ORTM. « Soit l’Acte fondamental est suspensif de la constitution, soit c’est la constitution qui prime ».
Dans un tweet beaucoup plus virulent, Me Mamadou Ismaël Konaté appelle les Maliens à la « vigilance absolue ». « Arrêtons de nous leurrer ! Ouvrons les yeux ! », plaide l’avocat. Le CNSP, s’interroge-t-il, ne se prend-t-il pas pour le peuple et tout le peuple avec son « acte fondamental indigeste et insupportable » ? Non rassuré lui aussi par les balbutiements des jeunes militaires, l’influent Imam Mahmoud Dicko prévient : « Je suis retourné dans la mosquée, mais n’oublions pas que la mosquée est au Mali ».
Mamadou TOGOLA
Source : Maliweb.net