Mali : après avoir rencontré IBK, l’imam Dicko suspend l’appel à manifester pour ce vendredi

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L’imam Mahmoud Dicko, l’un des leaders à l’origine de la manifestation qui a réuni quelque 30 000 personnes à Bamako vendredi dernier, a finalement décidé de suspendre l’appel à de nouveaux rassemblements, après avoir rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta.

« Les familles fondatrices de Bamako nous ont demandé de sursoir sur le sit-in de vendredi prochain [12 avril], pour donner le temps au président de réagir à nos doléances. Nous avons accepté cela. Donc, il n’y aura pas de sit-in vendredi », a affirmé ce mercredi à Jeune Afriquel’imam Mahmoud Dicko, l’un des initiateurs de la marche qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Bamako, la semaine dernière.

Lundi, le leader religieux, président du Haut conseil islamique du Mali, a participé à une rencontre avec le président Ibrahim Boubacar Keïta aux côtés, notamment, de l’archevêque de Bamako, le cardinal Jean Zerbo.

Discussions sur la révision de la Constitution

À l’ordre du jour : les consultations en cours sur l’avant-projet de la révision de la Constitution, que le président malien compte présenter lors d’un prochain conseil des ministres. Après les religieux, lundi, IBK a reçu la majorité présidentielle mardi et, ce mercredi, la Coalition des forces patriotiques (COFOP), un regroupement de partis d’opposition et d’organisations de la société civile qui compte notamment d’anciens candidats à la présidentielle, comme l’ancien ministre Moussa Sinko Coulibaly et Oumar Mariko.

« SUR LE FOND, LA DISCUSSION N’ÉTAIT PAS TRÈS RICHE. IL N’Y A RIEN DE PERTINENT QUI EN SOIT SORTI »

« Le président rencontre les autorités coutumières, religieuses et politiques avant d’amener le projet en conseil des ministres. C’est une démarche importante, même si ces autorités ont été déjà écoutées par la commission chargée de l’élaboration du document », explique un membre de l’entourage du président malien IBK.

Les échanges avec les religieux, lundi, n’ont pas permis d’enrichir l’avant-projet de révision constitutionnelle. « La rencontre était une surprise pour nous : nous avons reçu l’invitation le matin même de la rencontre. Nous n’avons pas eu le temps de préparer quoi que ce soit », confie à Jeune Afrique Mohamed Kibiri, porte-parole du Haut conseil islamique. Mahmoud Dicko se fait plus tranchant : « Sur le fond, la discussion n’était pas très riche. Il n’y a rien de pertinent qui en soit sorti », assène-t-il.

Suspension surprise

Le 5 avril 2019, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bamako pour dénoncer l’incapacité de l’État et de la communauté internationale à mettre un terme aux violences intercommunautaires et à l’insécurité. 

 

      « IBK A OBTENU DU PRÉSIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE LA SUSPENSION DU SIT-IN »

Ibrahim Boubacar Keita a cependant obtenu du président du Haut conseil islamique la suspension du sit-in prévu ce vendredi. Une surprise, alors qu’après le spectaculaire rassemblement de la semaine dernière, Mahmoud Dicko avait affirmé son intention de maintenir les appels à des rassemblements chaque vendredi, jusqu’à ce que le président malien réponde à une série de doléances, au premier rang desquelles la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga.

De fait, l’étau semble se resserrer autour de ce dernier. Déjà visé par les récriminations de l’opposition et d’une partie de la société civile, il est désormais chahuté jusque dans son propre camp. Des députés issus des rangs de la majorité présidentielle s’apprêteraient ainsi à joindre leur voix à la motion de censure déposée par l’opposition, réclamant la démission du Premier ministre après le massacre de plus de 160 civils le 23 mars dernier à Ogossagou.

« Cette motion de censure contre le Premier ministre et son gouvernement sera déposée jeudi 11 avril à l’Assemblée nationale », affirme Nouhoum Togo, porte-parole de l’opposition. Une source proche de la présidence assure cependant à Jeune Afrique qu’un éventuel remaniement « n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat ». La décrispation du climat politique et sociale risque donc de prendre, elle aussi, du temps.

Baba Hamed – à Bamako

SourceJeune Afrique

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