C’est un rapport trimestriel de la division des droits de l’Homme et de la protection de la mission des Nations-Unies au Mali qui a révélé cette information. Ces violences perpétrées entre avril et juin 2021, selon le rapport, ont fait au moins 527 civils tués, blessés ou enlevés.
La Division des droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA indique qu’au cours du second trimestre 2021, elle a documenté une augmentation substantielle du nombre de civils affectés par les violations des droits de l’Homme essentiellement dans les régions du nord et du centre. Ces violences, selon le rapport, ont fait au moins 527 civils tués, blessés ou enlevés/disparus, soit une augmentation globale de plus de 25% par rapport au premier trimestre précédent. Ce dernier avait enregistré 421 cas de violations des droits de l’Homme. Le document de la MINUSMA relève un fort taux d’augmentation du nombre des personnes tuées. Ce taux se chiffre à 49% avec une grande majorité des victimes d’hommes (465 soit 88 %) suivis des femmes (39 soit 8 %) et des enfants (23 soit 4 %).
Dans les régions du centre et du nord, où les violences ont été pour la plupart perpétrées, le rapport pointe la responsabilité des groupes armés terroristes tels que Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et d’autres groupes similaires.
Au nombre de ceux-ci, il relève en particulier l’emprise territoriale du JNIM qui s’est accentuée au centre du Mali, avec une extension notable de ses activités meurtrières en direction de Ségou et Sikasso, le long de la frontière avec le Burkina Faso. Au Côté de ces groupes terroristes, le rapport de le MINUSMA indique que ces régions ont enregistré des violences locales impliquant notamment des milices et groupes d’auto-défense à base communautaire Peul, Dogon et Bambara. Ce qui, selon le rapport, a contribué davantage à déchirer le tissu social.
Comme alternative, explique toujours le rapport, les populations locales ont tenté de réduire cette violence multidimensionnelle en signant des accords dits « de non-agression ou de réconciliation ». Toutefois, précise le document, ces accords souvent signés sous la contrainte par des communautés assiégées ont été une aubaine pour les éléments du JNIM qui ont toute de suite quasi formalisé une pratique radicale de l’Islam.
L’absence de l’Etat régalien
Le rapport de la MINUSMA impute l’emprise du JNIM et l’augmentation de la violence à l’absence de l’Etat, sous sa forme régalienne. Ce qui aurait permis dans les localités, où ces accords ont été signés, au JNIM de vouloir se substituer à l’Etat en s’implantant durablement dans l’espace social et politique en alternative aux représentants de l’administration malienne.
En réponse à cette pratique, poursuit le rapport, des Forces de Défense et de Sécurité Maliennes (FDSM) et des forces internationales ont concentré leur action sur la protection de centres urbains stratégiques, tout en tentant de reprendre certaines zones dans le cadre d’opérations anti-terroristes. C’est ainsi que ces opérations anti-terroristes ont été accompagnées, dans certaines circonstances, de graves violations des droits de l’homme contre les populations locales. De quoi accentuer la défiance à l’encontre des représentants de l’Etat, selon le rapport, à cause de l’insuffisance des actions prises pour lutter contre l’impunité.
Et cette violence meurtrière et les cas de violation des droits de l’Homme risqueront de connaître une proportion inquiétante tant les deux derniers mois ont été marqués par une forte augmentation des attaques meurtrière contre les populations civiles dans la frontière nigérienne. C’est dans cycle de violence que le Tchad a décidé de retirer la moitié de son effectif (600 hommes) très important dans la sécurisation des personnes et des biens.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net