Dans la course au discrédit de la fonction présidentielle, de clochardisation de notre démocratie et d’humiliation des Maliens, IBK doit être lui-même impressionné par ses performances !
Le cirque électoral des législatives conclu par le kotèba de la Cour constitutionnelle a enlevé à ce régime toute dignité que cent ans encore d’exercice du pouvoir ne lui rendront jamais !
Le maintien du scrutin à la date du 29 mars fut déjà une inqualifiable dérobade pour un président supposé avoir pour premier devoir de défendre et protéger ses compatriotes contre tout danger quelle qu’en soit la nature. En pleine épidémie Covid-19, au moment où tous les dirigeants de la planète cherchaient à abriter leur peuple, IBK envoya les Maliens au-devant du danger dans les urnes avec le scandaleux argument que l’organisation du scrutin était une décision du Dialogue national inclusif, comme si les délibérations de cette instance étaient un décret divin.
Le “livre Saint” de la République, c’est la Constitution qui a été abusivement interprétée pour reporter deux fois les législatives. C’est au moment où le pays avait une raison suffisante et grave pour différer le vote que les Charlot en décidèrent autrement sans qu’on sache faire la part entre l’irresponsabilité du Roi et les caprices du Prince qui tenait à sa petite élection présidentielle à date en commune II, annoncée comme un feu d’artifice et qui faillit tourner au désastre.
Le dessein à peine caché était de dégoûter les Maliens des urnes et mobiliser les soutiens du pouvoir à aller lui donner une Assemblée nationale de la trahison pour entériner les inepties de l’inapplicable Accord d’Alger. Les Maliens ont en effet massivement boycotté les urnes, mais les 7 à 10% qui ont voté sanctionnèrent ce régime incompétent.
Dès lors, le seul salut résidait dans l’activation du dernier étage de la fusée de la fraude politique : la Cour constitutionnelle. Avec Manassa & Co, le pouvoir n’a jamais été déçu ; ses désirs ont toujours été des ordres que ces femmes et hommes bien en Cour ont souvent devancé dans une volonté servile de faire plaisir à Koulouba.
C’est à croire que les artistes ont perdu la main. Tout indique qu’ils se sont pris les pieds dans le tapis ! L’opération de triche pour renforcer le RPM à l’Assemblée nationale ou repêcher un Tiemoko Sangaré de l’ADEMA pour lui imposer une alliance de gouvernement se révèle être du bricolage grossier et incohérent. Les juristes ont le vocabulaire fleuri pour nommer la forfaiture : “discordance entre l’arrêt et le prononcé du délibéré”, “incohérence entre motifs et dispositif”, “erreurs matérielles et abus de réformer les suffrages”… La coupe est pleine !
Ce tripatouillage sans scrupule vise à infléchir la mauvaise nouvelle contenue dans les résultats. Le RPM entre 2013 et 2020 perd 23 députés en chemin. La gestion des alliances politiques par IBK fut si calamiteuse qu’il existe une forte probabilité que se dessine une coalition de l’URD à l’ADEMA (sans sa direction opportuniste) en passant par Yelema, ASMA, SADI et même la CODEM pour imposer une cohabitation à un président sans idée, sans énergie et sans souci du Mali.
Une telle opération de sauvetage pourrait trouver même un écho auprès de certains députés RPM qui, en plus d’avoir essuyé le mépris constant du fondateur de leur parti, ne se font la moindre illusion sur la capacité du Capitaine à changer quoi que ce soit.
Rien d’étonnant que la mission assignée à la Cour constitutionnelle ait été de “sauver” le président très accommodant de ADEMA, Tiemoko. Sangaré, de faire monter le nombre de députés du MPM de Hadi Niangado pour forger, voire, forcer un axe majoritaire à l’Assemblée nationale.
La morale de l’histoire est une prise de conscience par Koulouba du chemin de croix que va être la fin de mandat acquis au forceps et qui va devoir être confronté au maintien de la loyauté de ses serviteurs dans les instances politiques et dans l’administration pour les mois à venir, à mesure que les échéances approchent.
Souleymane Tiéfolo Koné,
Ancien Ambassadeur
Source : Le Wagadu