La grève de la faim entamée depuis le 18 décembre 2018, par les travailleurs de la régie des chemins de fer, a déjà fait plusieurs victimes à Bamako et dans d’autres localités. En effet, on a enregistré 8 décès et de nombreux malades parmi les grévistes.
Cela fait onze mois que les cheminots maliens courent derrière leurs salaires. Après plusieurs démarches et mouvements de revendications entreprises auprès des autorités, les cheminots se sont résolus à entamer, le 18 décembre 2018, une action de désespoir : La grève de la faim. Par cette mesure de refus de s’alimenter, peu connu des Maliens, les travailleurs de la régie des chemins de fer exigent le paiement de leurs arriérés de salaires, ainsi que la reprise du trafic ferroviaire sur la ligne Dakar-Bamako. Au même moment, la Régie se meurt à cause de nombreuses difficultés qui menacent son avenir et celle des milliers de travailleurs.
Installés près des rails, ils ont reçu le soutien de leurs familles. Beaucoup de grévistes de la faim sont âgés, leur santé est fragile et plusieurs ont été hospitalisés.
Depuis le début du mouvement et surtout l’indifférence du gouvernement à trouver une solution pour stopper ce drame, huit cheminots ont trouvé la mort, des suites de la grève de la faim ou de manque de soins, à savoir : Moussa Sissoko, conducteur de draisine à Kita, Siaka Sidibe, conducteur de train à Toukouto, Seydou Sidibé, aiguilleur à Kayes, Sékouba Bagayoko, chef de section à Bamako, MariamDoumbia, agent de santé à Bamako. Aussi, de leurs côtés, les membres de la famille des grévistes ont, également, enregistré des décès, dont de nouveau-nés et des épouses de cheminots, faute de soins, parce que les cheminots n’ont plus un sou.
Autres conséquences ? Plusieurs familles ont été expulsées de leur logement à cause d’impayés de loyers, ainsi que des enfants de certains d’entre eux qui ne vont plus à l’école…
D’autres cheminots en grève de la faim sont hospitalisés dans des états graves : Souleymane Bagayoko, Souleymane Monson Traore, Sékou Keita, Mathurin Keita, Sekouba Niare, Abdoulaye Diarra, Bassirou Diakité…
« Au tout début, l’Etat nous devaient 9 mois d’arriérés de salaire. Sur ces 9 mois, 5 mois ont étés payés dont la moitié à servit à payer les dettes et maintenant ils nous doivent 7 mois car les mois se sont accumulés au fil du temps… », explique Boli Diandian Keita, président de la coopérative des conducteurs de trains du Mali.
Les grévistes sont déterminés à aller au bout de leur combat, ils réclament des garanties sur les modalités de payement des arriérés de salaire : « Il y a eu des démarches. Nous avons discuté avec les médiateurs, mais nul part, nous n’avons pu obtenir de garantis de payement programmés de nos salaires. Ils disent qu’ils vont nous payer. Mais quand ?», s’interroge Boli Diandian Keita.
La détresse des cheminots ne cesse de s’amplifier. « Des chefs de familles qui doivent prendre en charge leur foyer sont aujourd’hui des fardeaux pour leurs familles, incapable de subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles… L’agonie de nos familles nous oblige à l’abandon de nos foyers pour une grève de la faim. Mourir pour la survie de nos foyers est une mort digne pour un cheminot », indique le leader syndical.
Malgré ces drames, les grévistes sont déterminés à continuer le mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs doléances.
Fadimata Samounou
Debi Elisabeth Samaké
Source : L’Aube