Mali : Choguel Maïga accuse les officiers français d’entraîner les groupes armés terroristes à Kidal

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Choguel Kokalla Maiga, Chef du gouvernement, premier ministre
Choguel Kokalla Maiga, chef du gouvernement, premier ministre

Visiblement le Premier ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maîga, n’a pas fini  de régler ses comptes avec  l’armée française déployée dans le nord du Mali depuis près d’une décennie.  Dans un article publié par l’agence presse Russe ‘’Sputnik’’,  il a déclaré avoir des preuves que des officiers de l’armée française entraînent des groupes armés terroristes.

Alors que les tensions diplomatiques entre Paris et Bamako  ont  atteint leurs comble avec souvent des invectives  proférées par le Président Emmanuel Macron,  le premier ministre de la transition  n’est pas prêt à fléchir dans ses reproches.  Choguel Kokalla Maïga a accusé  ouvertement la France d’avoir participé à la déstabilisation du pays et à la montée en puissance du terrorisme dans le Sahel. En accordant cet entretien à Sputnik , il  n’a pas été tendre avec  l’ex-puissance coloniale et ses alliés dans le Sahel.  Connu pour son franc   parler,  il  a critiqué  l’intervention de l’OTAN   en  Lybie il y a une dizaine d’année avant d’indiquer qu’elle  a entraîné un afflux de terroristes vers le Mali.  D’ailleurs, il n’est pas le seul  à penser  ainsi. Lors du Sommet Afrique France  tenu à Montpellier le 8 octobre dernier, la malienne Adam Dicko a déclaré sèchement cette vérité face au Président Emmanuel Macron sous les applaudissements du public.

En plus de cette accusation, le premier ministre malien  reproche à la France d’avoir  offert  une partie du  territoire à un mouvement proche de l’organisation terroriste Ansar Dine.  Une organisation que les autorités maliennes indexent comme ayant  prêté allégeance à Al-Qaïda. En 2012,  lors de la guerre de libération du nord du Mali occupé par les groupes armés djhadistes, l’armée malienne avait été interdite d’entrer dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas.  “Le Mali n’a pas accès à Kidal, c’est une enclave contrôlée par la France. Il y a des groupes armés entraînés par des officiers français. Nous avons des preuves… Nous ne comprenons pas cette situation et ne voulons pas la tolérer”, a déclaré le Premier ministre de transition à Sputnik.

Après de telles accusations venant  du Chef du gouvernement de la transition, il revient à Paris  d’infirmer  ou d’apporter les preuves que Barkhane n’est pas entrain de collaborer avec les ennemis du Mali. Au sein de l’opinion malienne voire l’opinion africaine, la question  de l’utilité du déploiement de l’armée française dans le nord  du Mali revient avec acuité.  Beaucoup s’interrogent qu’avec tous les moyens de combat et de contrôle aérien que Barkhane  et ses alliés de Takusba disposent, les groupes armés terroristes continuent à couper le sommeil aux populations des régions du centre et du nord du Mali. Les habitants de ces localités voire au delà des frontières maliennes sont quotidiennement victimes d’incursions terroristes avec son lot de morts et de pillages.

Malgré ces propos qui ne semblent pas  de nature à apaiser les tensions entre l’axe Paris et Bamako, le premier ministre malien rassure  toujours que  le  Mali n’envisage pas de rompre ses relations avec la France.  Il a évoqué les  profonds liens séculaires qui lient les  deux pays en déclarant que  «  personne ne prendra la responsabilité de rompre les relations avec la France. Ce n’est pas notre objectif, ce n’est pas l’objectif de notre gouvernement ».  Bien qu’il crache ses quatre vérités  à l’ex-puissance coloniale,  Choguel Kokalla Maïga rappelle  dans cet entretien accordé à l’agence presse  Russe que le plus gros contingent [militaire, ndlr] de France après l’Algérie est au Mali.  « Nous avons beaucoup de liens grâce aux relations humaines. Des liens historiques, culturels, économiques”, rapporte Sputnik.

Au regard de ces liens historiques que  le Mali entretient avec la France,  les autorités de la transition  sont déterminées à rompre avec les pratiques du passé. Lassé du surarmement du pays sans résultats, le Mali souhaite un changement de paradigme dans la lutte contre le terrorisme.  Et pour ce faire, il presse Paris et ses partenaires européens à lever le voile sur le deal qu’il entretient avec les groupes armés de l’ex-rébellion du nord afin que l’armée régalienne puisse être présente dans les centimètres carré du pays.

 Siaka DIAMOUTENE

Source : Maliweb.net

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