Le Président de la République du Mali, en confirmant les propos de son haut représentant pour les régions du centre sur l’ouverture du dialogue avec Amadou Koufa et Iyad Ag Aghaly, a levé le doute sur l’engagement du Mali à trouver une issue pacifique à la guerre asymétrique. Nombreux sont ceux qui demandent quel compromis le régime est prêt à faire pour ramener ces fils égarés dans la République.
Amadou Koufa, Iyad Ag Aghaly et beaucoup d’autres chefs islamistes, qui ont pris les armes contre la République pour exiger une application stricte des principes édictés par le Saint Coran, ne sont pas, pour le moment, prêts à renoncer à leur idéologie. Celle de transformer le Mali en un État islamiste où la seule confession religieuse sera l’islam, également seule source du droit.
En tout cas, selon les témoins qui ont rencontré Koufa et les messages distillés par ces groupes radicaux, tout laisse croire qu’ils n’abdiqueront pas quant à l’application d’un islam rigoureux fondésur la Charia et l’abandon de l’éducation occidentale. Me Hassane Barry, un avocat proche du chef de file de l’opposition et l’un des rares cadres à avoir eu un entretien avec Amadou Koufa, est clair : « Amadou Koufa n’est pas prêt à se départir de deux principes : le problème de l’application de la Charia et celui de la présence des troupes étrangères dans notre pays ». Cet avocat expérimenté de renchérir que son interlocuteur n’a pas caché sa désapprobation du système judiciaire malien d’inspiration française. Il voudrait surtout, selon lui, une justice d’inspiration coranique, car il estime que la justice actuelle rendue par les hommes ne sert pas la société malienne.
Ainsi, face à la détermination de l’ennemi à instaurer coûte que coûte la Charia et à rejeter certaines valeurs de la République laïque, que pourrait proposer Bamako pour négocier ? Les autorités maliennes iront-elles jusqu’à troquer le caractère laïque du pays au profit de la paix ? Quels arguments les négociateurs vont-ilsavancer pour convaincre leurs frères à revenir dans la République ?
Des interrogations que beaucoup de maliens se posent et demeurent en attente de voir la stratégie du duo IBK-Dioucounda Traoré face à celui de Koufa et Iyad Ag Aghaly.
Jusqu’à présent, le Président de la Républiqueet le Pr Dioncounda Traoré se sont contentés d’annoncer et de confirmer l’ouverture du dialogue avec le chef de la Katiba du Macina et l’Emir d’Ançar Dine, oubliant que ces deux dangereux personnages ne fléchiront pas sur leur projet d’instaurer la Charia, au risque de s’attirer les représailles de leurs combattants. Ils oublient que l’occident et la communauté internationale, ainsi que les autres pays du Sahel n’accepteront pas qu’unethéocraties’installe à la porte de l’Europe.
Même si la démarche, entreprise par les autorités maliennes, est une des principales recommandations du dialogue nationale inclusif de janvier dernier, beaucoup d’observateurs avertis semblent pessimistes quant à une issue productive de cette négociation. Le Sud et certaines parties du centre pays, où vit une importante communauté chrétienne, n’accepteront pas que la République soit transformée à un Etat où la seule région sera l’islam.
Il este aux initiateurs de ces négociations de définirles points sur lesquels vont porter les discussions. En tout cas, les prochains jours s’annoncent difficiles pour le Chef de l’Etat et son prédécesseur car, d’un côté, le peuple reste attaché à la forme républicaine de l’Etat et n’est pas prêt à y renoncer, et, de l’autre, si les groupes terroristes ne semblent pas refuser le dialogue,ils exigent un État régi par la Charia.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net