Depuis le départ de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, le 18 août 2020, l’imam politicien, Mahmoud Dicko, semble déjà tracer son chemin. Ainsi, il devient un allier très privilégié des autorités en place, mais dans l’ombre.
« Mon combat est fini. Maintenant, je peux retourner à la mosquée pour jouer pleinement mon rôle d’Imam»,a déclaré Mahmoud Dicko au lendemain du coup d’Etat du 18 Août 2020. Aujourd’hui, l’Imam politicien, de par son influence, a réussi à se faire une place importante aux yeux du président de la Transition, Bah N’Daw, et de son vice-président, Col. Assimi Goïta. Mieux, il semble que ces derniers ont même préféré composer avec lui et avec sa Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants (CMAS) au détriment des autres forces alliées qui ont contribué à la chute d’Ibrahim Boubacar Kéita.
S’agit-il vraiment d’une question du Mali comme il aime toujours le dire ? Difficile de répondre par l’affirmative. Dans la mesure où les maux qui ont entraîné la chute du président IBK, perdurent toujours et même sont devenus plus graves qu’avant. Au même moment, l’Imam Dicko n’est plus cet homme que l’on a connu entre juin et juillet jusqu’au 18 août 2020. L’homme aux yeux menaçants avec ses grands mots tirés du Coran, a choisi de devenir sourd, mais jamais muet. Puisqu’aujourd’hui, il est dans son coin et que personne ne l’entend parler, mais son choix n’a jamais été contesté.
D’abord, le 21 septembre 2020 à Kati, le choix de Bah N’Daw et Assimi Goïta pour diriger la transition s’est passé dans une grande surprise. Ces deux hommes ont été présentés aux membres du Collège de la transition comme seuls capables de diriger ladite transition. Soutenu par l’ensemble des membres du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), ce choix est passé comme une lettre à la poste. Un processus auquel le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) avait renoncé, s’est déroulé devant l’autorité morale dudit Mouvement, l’Imam Dicko, qui n’a jusqu’à présent pas livré un commentaire sur le déroulé du processus.
AUSSI SILENCIEUX QUE LE SOURD-MUET
Ensuite, selon une source crédible, le Premier ministre, Moctar Ouane, n’a pas été non plus choisi à son insu. Déjà, l’on sait qu’il y a au moins deux représentants dans l’actuel gouvernement. Du coup, l’on peut finalement se faire une idée sur les raisons qui ont permis à l’Imam politiciens de prendre ses distances avec le M5-RFP et devient aussi silencieux que le sourd-muet.
Donc, il s’avère difficile de concevoir que tous les agissements de l’Imam contre le régime déchu étaient pour l’intérêt général du pays. Certes, Mahmoud Dicko a contribué à l’éveil de conscience d’une partie du peuple malien contre un régime en panne d’inspiration et de solution pour la situation du pays, mais il est clair que les problèmes persistent et que rien ne peut expliquer cet étrange silence de l’Imam. A moins qu’il n’ait trouvé ce qu’il cherche ou ce qu’on lui avait refusé. Que ce soit l’un ou l’autre, si cela a été le but de son combat, disons alors qu’il a trompé tout un peuple pendant des mois.
Ce qui est sûr, c’est que la plupart des militants du M5-RFP voit déjà en lui quelqu’un qui s’est servi des autres pour atteindre son objectif, celui de se venger du régime d’IBK. Pire, au sein de la CMAS, les choses ne semblent pas être toujours roses. La preuve, l’on a assisté la semaine dernière à la démission de trois personnalités influentes de ladite coordination. Il s’agit de Ahmed Ndouga Maïga, chargé de Communication; Oumar Baber Dicko, chargé des questions religieuses et l’imam Oumarou Diarra. C’est dire que tôt au tard, le masque finira par tomber sur cette histoire de révolution brutale et l’ensemble des Maliens découvrira la vérité.
Ousmane BALLO
Source : Ziré