Mali: entre Bamako et Gao, une perception de l’insécurité très différente

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Les paysans déplacés dans les locaux d'une école de Bougouni
Les paysans déplacés dans les locaux d'une école de Bougouni

Trois jours de deuil national ont été décrétés en mémoire de la cinquantaine de personnes tuées dans des attaques terroristes, dans le nord du pays, dimanche dernier. Dans la capitale, la perception de l’insécurité n’est pas la même pour tous. Dans le nord meurtri, on presse les autorités d’agir vite pour protéger les populations.

Dans la cour de la mairie de la commune 5 de Bamako, un large poteau métallique est surplombé d’un drapeau vert-jaune-rouge en berne. Debout devant l’édifice publique, Moussa Touré est conscient de la nécessité de rendre hommage aux victimes des massacres perpétrés dans le cercle d’Asongo. Lui connait bien cette zone pour y avoir travailler quelques années, contrairement au reste des habitants de la ville.

« Étant à Bamako ici, tu ne peux pas savoir ce qui se passe au Nord. Sincèrement, ça devient un mythe pour toi. Il y a des gens qui naissent et qui meurent à Bamako qui ne sont même pas arrivés à Ségou. Mais tant que tu n’es pas allé sur le terrain, tu ne peux rien savoir. Les gens se font tuer n’importe comment, et les assaillants rentrent au Niger comme ils veulent. Ils quittent le Niger, ils rentrent aussi au Mali comme ils veulent, donc là sincèrement ce n’est pas une surprise pour moi ce qui s’est passé. »

Plus de 1300 km et 24h de route séparent Bamako des localités endeuillés par les attaques de ce dimanche. L’ampleur du drame est donc peu considérée par une majorité de Bamakois, à l’inverse des ressortissants des zones de conflits.

« On attend que ca se règle, ça a trop duré, dit Ibrahim Yalcouyé, originaire du cercle de Bandiagara dans le centre du Mali. Des morts tout le temps, ca fait vraiment mal, et puis on sait pas quoi faire. On a peur de voyager, on est inquiet. C’est pas bon pour le moral. Chacun vague à ses occupations mais on n’a pas le coeur tranquille. »

Comme bon nombre de Maliens, sa priorité reste toutefois de subvenir aux besoins de sa famille. Il y parvient au jour le jour en vendant des articles de friperies tout en aidant du mieux qu’il peut ses proches restés au village.

La société civile demande plus de protection pour les civils du Nord

Plus au nord en effet, la réalité est toute autre, les conséquences du terrorisme y sont bien visibles. Les secours se sont organisés pour porter assistance aux blessés des attaques de dimanche, dont certains sont arrivés à Gao, indique notre correspondant à Bamako, Serge Daniel. Des cas de détresse psychologique ont également été signalés. Des associations de la société civile appellent le gouvernement malien à aider ces personnes et à prendre les dispositions nécessaires pour sécuriser les populations civiles qui subissent de plus en plus les attaques.

« Une jeune fille de 16 ans a vu ses deux frères et son père assassinés, une mère de famille a vu tous les membres de sa famille assassinés devant elle. Et j’avoue que quelque soit la situation, c’est insoutenable et insupportable. Ces gens méritent d’avoir une prise en charge psychologique et psycho-sociale », regrette Almahadi Moustapha Cissé, coordinateur d’une coalition d’associations de populations sédentaires Songoy du nord.

L’autre préoccupation des associations de ressortissants du nord du Mali est la sécurité des biens et des personnes. Sur ce plan aussi, l’État est interpellé. « Vraiment, on est consternés, meurtris. Normalement, un bon État protège ses citoyens. Nous avons l’impression depuis un certain temps que l’État a laissé pour compte les populations civiles », juge Almahadi Moustapha Cissé.

Il demande également à la communauté internationale d’intervenir afin de ne pas être accusé de non assistance aux populations civiles en danger

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