Mali / Gouvernement de Transition : Choguel Maïga, l’épouvantail ?

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Choguel Kokalla Maiga, Chef du gouvernement, premier ministre
Choguel Kokalla Maiga, chef du gouvernement, premier ministre

Pour de nombreux observateurs de la scène sociopolitique nationale, le gouvernement de Transition a besoin d’un souffle nouveau, qui pourrait passer par un changement de Premier ministre. Un choix cornélien pour le président de la Transition.

La révision de la charte de la Transition a ravivé la pertinence du réaménagement gouvernemental, après l’expiration du temps préalablement convenu pour cette période transitoire, les 18 mois.

En effet, à l’évaluation du plan d’action gouvernemental du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, il apparaît clairement que le taux de réalisation des actions programmées est en-deçà des attentes. En dehors de l’organisation des assises nationales de la refondation (ANR), de la révision de la charte de la transition, l’on peine à comptabiliser les actions promises par le chef du gouvernement.

A titre d’exemple, au plan des préparatifs des élections, le processus peine à être enclenché ne serait-ce qu’au niveau administratif. C’est ainsi que la révision des listes électorales n’a pas pu s’effectuer, ni la mise en branle du processus de création de l’organe unique de gestion des élections.

En outre, le gouvernement n’a même pas pu maintenir un cadre de concertations avec les partis politiques dans la dynamique de rechercher un consensus dans les grands axes des réformes politico-institutionnelles à amorcer. De même, rien n’est fait pour préparer le référendum constitutionnel censé accélérer « la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ». Alors que les réunions du comité de suivi de l’Accord sont au point mort, suscitant l’agitation de groupes signataires de ce document.

Par ailleurs, la révision de la charte de la transition a prévu l’élargissement du Conseil national de transition (CNT) à 147 membres, des 121 qu’ils sont actuellement. Et ce remembrement de l’organe législatif provisoire aussi traine, alors que le Premier ministre ne se prive pas de discours, qui divise. C’est au point que même ses alliés politiques du M5-RFP ne se font pas prier pour critiquer vertement le chef du gouvernement pour ses « dérives » et « prises de positions » qui ne rassemblent point.

Ces récriminations ont même atteint la sphère gouvernementale où l’on signale des déceptions chez certains ministres qui n’hésitent pas à fustiger, sous couvert d’anonymat, les démarches clivantes du Premier ministre. Ce qui expliquerait même les absences notées de certains ministres en réunion hebdomadaire du gouvernement. Ce qui a mis la pression sur le chef de l’Etat à vouloir se séparer de son Premier ministre de rectification de la transition. Seulement, il semble que le Colonel Assimi Goïta mesure le fait que le locataire de la primature a le soutien de quelques inconditionnels du mouvement qui a affaiblit le régime IBK, conduisant à sa chute le 18 août 2020.

Si le chef de la Transition se sépare aujourd’hui de son Premier ministre, celui-ci peut crier au scandale en instrumentalisant une partie de l’opinion comme s’il est défenestré sous la pression de la France, dont il a été l’un des démolisseurs dans la conscience nationale. N’a-t-il avec sa formule « la France nous a lâché en plein vol » développé un sentiment de révolte face à la politique française au Mali ? Choguel n’a-t-il contribué à détériorer les relations diplomatiques entre le Mali et plusieurs de ses partenaires occidentaux ? Le Colonel Assimi Goïta a la juste mesure du rôle joué par son Premier ministre dans les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, mais hésite à en tirer toutes les conséquences, tant il ne maîtrise pas toutes les chapelles politiques du pays. Donc, le chef du gouvernement devient une sorte d’épouvantail, dont le chef de l’Etat peine à se séparer, même si certains hauts gradés sont dans cette dynamique.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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