Mali : Guerre ouverte entre les leaders musulmans et le pouvoir

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En attendant la grande messe de janvier, la réunion de l’imam Dicko dans sa mosquée, le 27 décembre 2018, a été une des conséquences directes de la politique de division d’un pouvoir en gêne. La présidence malienne a choisi de minimiser la fronde populaire qui fonce droit sur elle, en s’adossant à des méthodes de barbouse. Qu’aurait coûté au pouvoir « Fanga » d’IBK de laisser des manifestants désarmés se réunir ? Rien à priori!

Par contre, la restriction des libertés de réunion et de manifestation sur les lieux dédiés à cela dans la capitale vient de précipiter ce qui était prévisible. Le mouvement d’humeur d’une grande frange de la communauté musulmane contre le régime couvait en effet. Mais il vient d’être activé d’abord par la tentative de sabotage des sorties de l’imam Dicko dénonçant un projet éducatif du pays.

La colère des religieux, qui s’étend de Bamako à Nioro du Sahel, en passant par l’infernal centre du pays, pourrait se révéler dévastatrice. EIle a déjà jeté dans les bras de l’imam Dicko tous les mécontents de la République et, pire, tous les indifférents qui se sont subitement indignés à cause du projet de manuel controversé sur la sexualité.

A présent, la fronde prend une allure politique en se dressant contre la gouvernance. Au lieu de rassembler les Maliens, les tenants du pouvoir se sont pris à un jeu dangereux consistant à réprimer les regroupements. Cette attitude a de quoi surprendre dans un pays fragile dont la capitale semble être l’unique îlot tranquille. Il ne manque plus que toute la classe politique qui dénonce les résultats de la présidentielle passée fasse bloc derrière Bouyé Haïdara qui est en bon terme avec eux. Au cœur de la mêlée se trouve un homme, Soumeylou Boubèye Maïga, l’actuel Premier ministre, qui a visiblement maille à partir avec tout le monde y compris les syndicalistes.

Chef d’orchestre d’une musique lugubre, il pourrait se faire prendre au piège de la gouvernance non inclusive du président de la République et quelque peu policière. En privant l’Imam Dicko d’espace de manifestation, le patron de la Primature l’a renvoyé dans sa mosquée, partant la clandestinité. Dieu sait ce qui va naitre de cette situation! Dicko est devenu plus que jamais populaire, puisant dans la réserve de citoyens mécontents.

Le refus du chef de l’Etat à réunir les forces vives autour du pouvoir a créé les conditions d’un brasier généralisé. Que va-t-il arriver après que le religieux Bouyé Haïdara, qui semble être avec les forces vives, soit accueilli «par 1 million de personnes » à Bamako ? C’était en tout cas le vœu de l’Imam Dicko il y a quelques jours. Ce qui est sûr, il y aura plus que des Hamallistes « dans la rue » à chaque appel de Bouyé. Et la moindre étincelle d’interdiction pourrait mettre le feu aux poudres.

Source: Lerepublicainmali

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