L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a accusé, hier, mardi 15 mars 2022, l’armée malienne et des groupes islamistes armés d’avoir « tué au moins 107 civils dans le centre et le sud-ouest du Mali depuis décembre 2021.» « Les victimes, dont la plupart auraient été exécutées sommairement, incluent des commerçants, des chefs de villages, des responsables religieux et des enfants», selon l’organisation de défense des droits humains.
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Dans un rapport publié hier, l’ONG a dénoncé « une nouvelle vague d’exécution de civils » dont seraient coupables l’armée malienne et les groupes islamistes armés. « Le gouvernement de transition malien, selon Human Rights Watch, devrait mener des enquêtes crédibles et impartiales sur ces meurtres présumés, dont au moins 71 impliqueraient des membres des forces gouvernementales, et 36 impliqueraient des membres de groupes islamistes armés. » Pour Human Rights Watch, les deux parties devraient mettre un terme aux exactions et veiller au respect des lois de la guerre, qui s’appliquent au conflit armé au Mali.
Selon le rapport, de janvier à mars 2022, Human Rights Watch, qui suit la situation au Mali depuis 2012, s’est entretenu en personne et par téléphone avec 49 personnes qui avaient connaissance de huit incidents, dont des chefs communautaires, des commerçants, des gens du marché, du personnel médical et des diplomates étrangers. Ces incidents se sont produits entre le 3 décembre 2021 et début mars 2022 dans les villes, villages ou hameaux de Boudjiguiré, Danguèrè Wotoro, Feto, Nia Ouro, Petaka, Songho, Tonou et Wouro Gnaga, dans les régions maliennes de Ségou, Mopti et Koulikoro, ou à proximité de ces lieux. Le rapport indique que des combattants islamistes avaient tiré des coups de feu sur un bus conduisant des commerçants à un marché à Bandiagara, début décembre 2021, tuant 32 civils, dont au moins six enfants. De nombreuses victimes ont été brûlées vives après que l’autobus a pris feu.
Autour du 2 mars, note aussi le rapport, des militaires se seraient livrés à des exécutions extrajudiciaires contre au moins 35 suspects dont les corps calcinés ont été retrouvés près du hameau de Danguèrè Wotoro, dans la région de Ségou. « Il s’agit là de l’allégation la plus grave impliquant des membres de l’armée gouvernementale depuis 2012. À Tonou, 14 civils de l’ethnie dogon auraient été exécutés sommairement par des militaires, apparemment en représailles de la mort par engin explosif improvisé (EEI) de deux militaires non loin de là », lit-on dans le rapport.
Le 4 mars, Human Rights Watch a adressé un courrier au gouvernement malien résumant les conclusions de ce rapport. Dans sa réponse du 11 mars, le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants a indiqué que la gendarmerie avait ouvert des enquêtes sur les incidents à Tonou et Nia Ouro, qui étaient toujours en cours. Le ministère a qualifié les accusations d’exécutions sommaires commises à Danguèrè Wotoro de « fake news’ […] dont l’objectif est de discréditer les FAMA », précisant toutefois que l’État-major des Armées avait ouvert une enquête sur l’incident, le 5 mars. Le ministère a nié que l’armée soit responsable d’abus à Feto, Wouro Gnaga et Boudjiguiré, mais a indiqué être en train de recueillir plus d’informations pour déterminer qui était responsable.
L’ONG a demandé aux autorités maliennes de faciliter la conduite d’enquêtes indépendantes par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali. Human Rights Watch a adressé au gouvernement malien, les conclusions de son rapport le 4 mars dernier, et affirme avoir reçu une réponse le 11 mars précisant que « la gendarmerie avait ouvert des enquêtes » sur deux des incidents où l’armée malienne est mise en cause.
M.K. Diakité
Source: Lerepublicainmali