Mali : Jeunes d’aujourd’hui, vieux de demain

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Socrate l’écrivait déjà, il y a plus de 2000 ans. La ressemblance avec notre époque est glaçante, la vie n’est-elle qu’un éternel recommencement : « Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, méprisent l’autorité et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu’un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. 

 Ils contredisent leurs parents [à tort, de manière irrespectueuse], plastronnent en société,  se hâtent à table d’engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres.

Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières,  se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans ».

On croirait que Socrate dépeint la jeunesse malienne d’aujourd’hui…n’est-ce pas?

Le tableau n’est-il pas complet ? Puis-je ajouter quoi que ce soit, au risque d’affaiblir cette vérité ?

Qui peut nous sortir de cette bassesse et nous élever vers la vertu, si ce n’est nos gouvernants ? L’Etat seul a l’autorité d’en imposer légitimement à tout le monde, reprendre l’école en main, la famille et les personnes influentes de la société. Mais pour ce faire, l’État doit-il exister et être fort, et bien gouverné. Un seul exemple, pour illustrer une éventuelle démarche constructive de l’Etat, les stars de la musique. Personne n’ignore l’influence de la musique sur les mœurs. Personne de rationnel, du moins.

Sidiki Diabaté  a atteint aujourd’hui un degré d’idolâtrie musicale au sein de la jeunesse. Ses chansons peuvent détruire en quelques minutes, des longs mois d’éducation d’une famille ou les renforcer.

S’il fait le choix d’élever et d’apaiser les consciences dans ses chansons, il est sûr de gagner moins d’argent sur le marché national et international. S’il fait le choix de faire fortune par son art, il est sûr de prendre le contre-pied des valeurs positives de la société et de flatter les instincts basiques des hommes.

L’Etat peut l’aider à faire le bon choix

Mythe ou réalité, il se racontait en notre enfance, qu’en Côte d’Ivoire Houphouët Boigny sentant une telle influence d’Alpha  Blondy sur la jeunesse qu’il le fit venir, pour le sensibiliser et lui proposer un deal. Alpha aurait accepté et il n’en est pas devenu moins célèbre et fortuné.  Que pouvons-nous proposer à Sidiki pour accompagner l’État dans l’éducation de ses citoyens, au lieu qu’il demeure un des pourfendeurs de ses efforts? Un deal ici, ne vaut-il pas mieux ?  Cette Transition ne pourra pas tout reconstruire, mais elle peut jeter les jalons de l’essentiel. La rééducation de  notre jeunesse doit être au cœur de l’essentiel. Elle commence d’abord et tout près, par leur propre exemple dans la gouvernance.

Dr Mahamadou Konaté

Source : Arc en Ciel

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