La CMAS, le mouvement de l’imam Mahmoud Dicko qui a mené la révolte populaire pendant des mois contre l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, clarifie sa position en pleine polémique sur le Conseil national de transition. Elle affiche aujourd’hui sa volonté de jouer le jeu des autorités de transition et de participer au futur Conseil.
Alors que l’installation du dernier organe de la transition malienne se fait toujours attendre, la polémique à son sujet, elle, ne retombe pas. Depuis maintenant deux semaines, de nombreux acteurs civils et surtout politiques dénoncent un « accaparement » par les militaires de la transition et notamment de ce futur conseil.
Et tandis que la majorité des partis politiques ou des syndicats maliens n’ont déposé aucun dossier, la CMAS, le mouvement de l’imam Dicko, a bien des candidats pour le Conseil national de transition. Interrogé par RFI, Issa Kaou N’Djim, le coordinateur général du mouvement, ne souhaite pas communiquer sur leur nombre.
Mais il critique avec vigueur tous ceux qui refusent de siéger au CNT, au motif qu’ils estiment que la place accordée aux militaires est trop importante. Au premier rang desquels figurent ses anciens alliés de la coalition M5-RFP. « C’est un registre de propos de politiciens. Le plus important aujourd’hui, c’est d’unir nos forces. On s’est mis ensemble, nous et les autres pour chasser IBK et son régime corrompu. La suite logique et l’issue de la transition, c’est une question de principe et aussi d’intérêt national », estime-t-il.
La CMAS soutiendra un militaire à la tête du CNT
La CMAS est même favorable à la candidature du Colonel Malick Diaw à la présidence du CNT. Parmi les membres du CNSP, la junte militaire qui a réalisé le coup d’État du 18 août dernier, le Colonel Malick Diaw est le dernier à ne pas avoir de poste dans les organes de la transition.
Il semble donc tout désigné. Ce qui fait grincer des dents dans les organisations politiques ou de la société civile malienne, mais pas celles d’Issa Kaou N’Djim, qui le juge plus que légitime. « L’armée est la colonne vertébrale, l’armée est apolitique, l’armée ne sera pas à la Présidence et n’aura pas de députés à l’Assemblée nationale (après les élections générales qui achèveront la transition et donc lors du retour à l’ordre constitutionnel, ndlr). Nous pensons que le candidat Malick Diaw saura fédérer toutes les tendances et équilibrer les propositions de loi », confie-t-il.
Dès la fin de la semaine, la CMAS entamera l’installation de ses bureaux en région avec un objectif : mailler le territoire, et soutenir partout les autorités de transition.
En contrepartie, Issa Kaou N’Djim indique attendre « de la fermeté » de la part des autorités, à commencer par le président Bah N’Daw. Notamment face à la grogne sociale exprimée dans de nombreux secteurs, car le premier regroupement syndical du pays, l’UNTM, a achevé la semaine dernière une grève de trois jours et vient de déposer un nouveau préavis pour la mi-décembre. Des grèves « antipatriotiques » pour le porte-parole de la CMAS qui assène que « ce n’est pas le moment, donc Bah N’Daw doit s’assumer ».