Pour la deuxième année consécutive, le Mali figure dans le classement annuel établi par le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) sur les crises liées aux déplacements, les plus négligées dans le monde. Classé à la septième place en 2018, le pays est remonté à la sixième position en 2019 en raison de la faible attention médiatique à la crise, le faible engagement politique dans la gestion de la crise et l’insuffisance des financements humanitaires dans le pays. Le nombre de personnes déplacées internes au Mali est passé de 120 000 au 31 décembre 2018 à environ 208 000 personnes à la même période en 2019. Cela représente une hausse d’environ 73% à cause de l’insécurité liées aux affrontements militaires, la flambée des attaques armées contre les civils et à la spirale des conflits intercommunautaires.
« C’est un nouveau pic en nombre de déplacées internes. Cela coïncide avec un faible niveau de financement de l’aide que la communauté humanitaire a reçu en 2019 avec, à peine, la moitié des fonds demandés. Cette situation a laissé beaucoup de besoins non couverts et a affecté les conditions de vie des personnes déplacées. » Regrette Hassane Hamadou, Directeur Pays de NRC au Mali « En 2020, les chiffres du premier semestre sont assez alarmants et les personnes continuent de se déplacer par milliers, fuyant la violence. » Les principales causes de la flambée du nombre de personnes déplacées sont la recrudescence du conflit liée aux attaques contre les civils, les conflits intercommunautaires et les opérations militaires menées le long des bandes frontalières du Mali avec le Niger et Burkina Faso.
Les attaques contre les civils ont occasionné 900 morts et 545 blessés selon OCHA. En ce qui concerne les opérations militaires, NRC évaluait à 80 000 le nombre de personnes déplacées au Mali en raison de ces opérations. Au-delà de l’aspect sécuritaire, d’autres facteurs déterminant la présence du Mali sur la liste sont le manque d’attention médiatique sur la crise ainsi que le déséquilibre entre le financement des actions humanitaires et militaires. Si les efforts ne sont pas davantage axés sur une solution holistique au conflit, NRC craint que les vagues de déplacements se poursuivent dans les années à venir. Au conflit s’ajoutent les effets du changement climatique, la pauvreté et la crise sanitaire liée à la covid-19.
Source : Le Républicain