Devant des centaines de militants dans la capitale des balazans, le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence, Modibo Sidibé a livré un discours pour une sortie de crise sécuritaire définitive et la réussite d’un « vrai dialogue national inclusif ».
Les débats de cette première convention régionale des FARE An Ka Wuli ont été marqués, d’abord, par la condamnation et la dénonciation des attaques meurtrières civilo-militaires au centre et au nord du pays, puis par des propositions.
« La seule urgence, c’est de stabiliser a minima notre pays, mettre fin à la spirale de violences et engager la stabilisation de notre pays et celle de la sous-région », a, d’emblée, déclaré l’ancien premier ministre. Lequel indique que pour y parvenir, il faut dissiper « Nos fuites en avant qui nous conduisent à adopter des mesures ou des demi-mesures de circonstances qui échouent à traiter les vrais problèmes et à offrir des solutions d’ensemble structurelles, la politique de l’autruche et le manqué le courage de refonder notre nation qui s’ouvre aux nouvelles aspirations légitimes de nos concitoyens… »
C’est Modibo Sidibé optimiste qui a invité ses compatriotes à ne pas se résigner. « La tâche est rude et requiert de chacun de nous, un esprit de sacrifice et de dépassement de soi, de l’abnégation et la ferme résolution…vers les lendemains meilleurs qui nous attendent », a soutenu le Président des FARE.
La double dynamique
Pour Modibo Sidibé, il urge de faire émerger un agenda du Mali pour sortir de cette impasse sécuritaire et articuler notre action autour d’une double dynamique.
La première de très court terme, selon lui, consiste à parer des urgences de la situation et réunir les conditions pour un véritable Dialogue national inclusif. Lequel, poursuivi-t-il, déclenchera des recommandations sur des réformes majeures et osées dont le Mali ne peut faire l’économie.
La seconde dynamique est structurée autour d’un pacte de stabilité pour la sécurité, la croissance et le développement, issu d’un accord entre les Forces politiques et sociales. Cet accord, selon toujours lui, agir pour garantir la sécurité et redonner espoir à notre peuple. Il s’agit de donner la priorité absolue à la sécurité, la sécurisation des personnes et des biens, la lutte contre le terrorisme, contre les différents trafics. Ce, en faisant en sorte que toutes les opérations conjointes FAMA, MINUSMA, Barkhane et la force G5 soient planifiées et conduites sur une longue période.
Toujours dans ce sillage, l’ancien premier ministre propose au gouvernement « de remodeler rapidement la gouvernance de la défense et de la sécurité » à se consacrer au financement des opérations de sécurité des ressources suffisantes…
« Les forces de sécurité doivent se déployer pour à la fois permettre les opérations de relèvement, le retour et l’effectivité de l’administration, en étroite coopération avec les autorités traditionnelles et les populations. Ces forces doivent disposer de capacités d’anticiper, de protéger et de contrôler les espaces, dans le discernement et le strict respect des droits humains », soutient Modibo Sidibé, qui ajoute ni la France, ni la MINUSMA, ni les autres forces qui viennent en aide au Mali ne pourront solutionner, c’est l’équation de l’Etat au Mali. « Cela est affaire endogène car construire des institutions fiables, respectables et respectées est un préalable au développement. Sans ces outils, nous savons désormais que notre destin peut brutalement être pris en otage », a-t-il prévenu.
« Un vrai Dialogue national inclusif »
S’agissant du dialogue en cours, dont les FARE ne participent pas, il a indiqué qu’il devrait être au préalable consacré « à notre État, notre territoire et sa réorganisation, à réinventer notre démocratie et l’adapter à l’évolution du monde ». A l’en croire, le faible engouement et le désintérêt des populations pour le dialogue en cours attestent du fait que ce dialogue n’épouse pas les attentes exprimées. « Le Dialogue national administré n’a pas été ce grand moment de mobilisation et de communion des citoyens autour du Mali en crise », a-t-il regretté.
Avant de poursuivre que le DNI, dont les FARE appellent de ses vœux, est un exercice hautement démocratique et participatif qui, selon lui, repose sur les piliers principaux comme la légalité républicaine, l’autonomie, le caractère contraignant des recommandations, le libre choix des questions, un processus ascendant de la base au sommet avec au cœur les citoyens… Et d’ajouter qu’un tel débat renverserait le momentum de crise sécuritaire et renforcera la voix et la position du Mali. Modibo Sidibé d’insister que cela permettra d’écouter et de recenser les vrais problèmes des vrais gens, de donner les chances à l’’Etat de construire localement sa légitimité. Enfin, insistera-t-il encore, le caractère contraignant des recommandations d’un vrai Dialogue donnera la force et l’énergie aux 20 millions de maliens de réussir « des réformes institutionnelles, politiques, économiques et sociales » indispensables à la sécurité du pays, son développement, sa croissance et à sa modernité.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb