Mali / Les FAMA face à la crise sécuritaire : L’Etat devrait-il explorer d’autres voies ?

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Malgré la montée en puissance de nos forces armées, le péril terroriste continue d’endeuiller et de semer la désolation. Ce qui interpelle pour un changement de paradigme.

Si le pouvoir de Transition croit qu’en dopant les capacités opérationnelles de l’Armée, on n’aura résolu (en partie) l’équation du terrorisme, il est clair que la montée en puissance des FAMA va correspondre avec une recrudescence des attaques. Le scenario ressemble à l’affrontement entre deux combattants où l’un reçoit des appuis. Le second cherchera à décupler ses forces… Le tout militaire est donc contre-productif dans cette lutte contre le péril terroriste. L’Etat devrait explorer d’autres voies comme le dialogue, la sensibilisation, les efforts économiques en termes d’opportunité et perspectives d’emplois et d’avenir,  etc.

La crise sécuritaire, que l’on pensait juguler un tant soit peu avec un équipement conséquent de l’outil de défense nationale, joue à une sorte de résilience ! Et le péril semble même se rapprocher davantage de Bamako, ou même sur le cœur du pouvoir, la ville de Kati.

Comment comprendre en effet, que les criminels sans visage aient pu pousser l’outrecuidance jusqu’à s’attaquer au campa Soudiata de Kati, où réside le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta, vendredi dernier ? C’est à croire que ce terrorisme a des motivations politiciennes de faire sombrer le pays dans l’anarchie, en projetant d’éliminer peut-être le chef de la Transition. Heureusement qu’ils ont été neutralisés !

Ainsi, sans répit, ces dernières semaines, les terroristes veulent se faire entendre, et non loin de la capitale malienne. Cette furie meurtrière est illustrée par les récentes attaques au niveau du poste de Zantiguila. Six personnes ont été tuées lors de cette attaque perpétrée par “des individus non identifiés” du poste de Zantiguila, situé à une soixantaine de kilomètres de la cité des caïmans (Bamako). Alors que cette région avait été épargnée, jusqu’à présent, par les actes de violence qui affectaient principalement le nord et le centre du pays.

En outre, le mercredi 20 juillet tout près, la ville de Kolokani a été frappée par une attaque terroriste, qui a visé la gendarmerie et le bataillon de la Force anti-terroriste (FORSAT) dans ce chef-lieu de cercle situé à une centaine de kilomètres de Bamako. Le bilan, là aussi est considérable : des soldats tués et des dégâts matériels importants. Avant cela, la ville de Nara et ses environs, toujours dans la région de Koulikoro avaient enregistré des attaques terroristes et diverses menaces dont celles aboutissant à la fermeture de certaines écoles.

Comme on le voit, la menace terroriste va crescendo et semble se rapprocher de la capitale, surtout quand on sait que Kolokani est situé juste derrière la ville de Kati, ville garnison et fief reconnu des officiers qui ont pris le pouvoir au Mali depuis le 18 août 2020.

Cette situation survient, alors même que les FAMA montent en puissance et ne cessent d’administrer de lourdes défaites aux terroristes, lors de différentes opérations de sécurisation du territoire. Cela veut donc dire que la montée en puissance, caractérisée par le renforcement exceptionnel des équipements de l’Armée n’est pas une solution toute trouvée au péril terroriste. Car, la donne terroriste doit avoir, au Mali, une approche globale dans son analyse. Faut-il rappeler qu’avant que le fléau du terrorisme ne s’exprime au Mali, ce sont des velléités indépendantistes appuyées par divers groupes extrémistes qui s’étaient mises en évidence dans le septentrion malien ?

C’est pourquoi, l’on se demande pourquoi les autorités maliennes ne semblent pas faire diligence pour ouvrir un cadre de dialogue discret avec les leaders maliens des groupes terroristes. Puisque, il faut souligner que divers foras ont recommandé que les dirigeants maliens prennent langue avec par exemple Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa, reconnus comme étant des principaux artisans des groupes armés terroristes opérant sur le territoire national. Si la France s’était opposée à ce dialogue, dans un passé récent, Bamako devrait, à présent qu’il a presque rompu avec Paris, relancer la dynamique de discuter avec les leaders de ces ennemis de la paix.

Cette lecture de la situation s’impose, d’autant que l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger est au point mort ? Alors que nul n’ignore que les signataires de cet Accord, les ex-rebelles travaillent en intelligence avec les groupes terroristes, à travers les katibas, qui endeuillent le pays.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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