Mali : Moscou rejette les objections françaises, Bamako prêt à demander l’aide russe

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Abdoulaye Diop & Serguei Lavrov à Moscou ce 11 novrembre
Abdoulaye Diop & Serguei Lavrov à Moscou ce 11 novrembre

MOSCOU (Reuters) – La Russie a balayé jeudi les préoccupations françaises quant à un possible partenariat de sécurité entre le Mali et la société privée russe Wagner, soulignant qu’il appartenait aux seules autorités de Bamako de décider de leur stratégie dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel.

Sergueï Lavrov recevait à Moscou son homologue malien, Abdoulaye Diop, en visite de travail jusqu’à vendredi pour parler coopération militaire et énergétique, notamment.

Lors d’une conférence de presse commune, le chef de la diplomatie malienne a déclaré que Bamako pourrait demander l’aide de la Russie pour assurer sa sécurité, tout en indiquant qu’aucun contrat n’avait été signé à ce jour avec une société militaire privée russe.

“S’agissant de la nervosité dont font montre les Français et d’autres responsables occidentaux quant aux projets du gouvernement malien de louer les services d’une compagnie militaire privée de la Fédération russe, (…) cela est de la compétence exclusive du gouvernement légitime du Mali”, a dit Sergueï Lavrov.

“Si ces contrats sont conclus avec les gouvernements légitimes d’Etats souverains, je ne comprends pas que cela soit perçu de manière négative”, a-t-il ajouté, tout en réaffirmant que le Kremlin n’était en rien concerné par ces arrangements privés.

Reuters a révélé en septembre que les autorités de Bamako avaient sollicité le soutien de la société de sécurité privée russe Wagner pour lutter contre les groupes djihadistes au Sahel. Le gouvernement russe, qui a toujours nié tout lien avec Wagner, avait alors assuré qu’il n’était en rien impliqué dans ce rapprochement.

“La situation est telle maintenant que nous pourrions nous tourner vers notre amie (la Russie) pour qu’elle nous aide”, a déclaré Abdoulaye Diop lors de la conférence de presse, s’exprimant en français avec un interprète russe.

“L’existence même du Mali est menacée”, a-t-il souligné.

RÉUNION FRANCO-RUSSE VENDREDI À PARIS

Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que Moscou poursuivait la coopération militaire avec les autorités maliennes en leur fournissant armes, munitions et équipements.

Les ministres français et russes des Affaires étrangères et de la Défense se réunissent vendredi à Paris en marge de la Conférence internationale sur la Libye, ont annoncé mardi les ministères français, citant au nombre des sujets à aborder la situation dans la bande sahélo-saharienne sur laquelle “la France exprimera ses préoccupations concernant les actions de la Russie”.

Des sources diplomatiques occidentales confirment qu’aucun accord n’a été à ce jour finalisé entre le Mali et la société Wagner, mais elles rejettent les déclarations russes.

La Russie a la capacité d’intervenir dès qu’il s’agit d’une société russe, dont le dirigeant est proche du Kremlin, qui emploie d’anciens agents russes et utilisent des avions russes, fait-on valoir, sans “naïveté”.

La France a mis en garde le Mali – où la junte au pouvoir s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils à l’horizon de février 2022, avec l’organisation d’élections législatives et présidentielle – contre le recours à des mercenaires, soulignant qu’il perdrait le soutien de la communauté internationale.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé le 10 juin dernier une “transformation profonde” de la présence militaire française au Mali, avec l’objectif de maintenir à terme entre 2.500 et 3.000 hommes au Sahel, sur les 5.100 mobilisés aujourd’hui dans le cadre de l’opération Barkhane.

Les relations entre Paris et Bamako n’ont cessé dès lors de se dégrader, le premier accusant la junte malienne de “s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français”, l’autre partie dénonçant “un abandon en plein vol”.

(Reportage Maria Tsvetkova, Andrew Osborn, avec la contribution de John Irish à Paris; rédigé par Tom Balmforth et Mark Trevelyan; version française Sophie Louet, édité par Claude Chendjou).

Source : Reuters

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