Au mois d’octobre, des combats violents opposant les combattants du groupe État islamique et d’al-Qaïda avaient été signalés. C’est à nouveau le cas depuis une dizaine de jours dans la région du Gourma malien. Les branches locales des deux organisations terroristes, Aqmi et l’EIGS, sont en concurrence au Sahel pour le contrôle de certaines zones.
Une précédente bataille d’importance avait aussi eu lieu au printemps dernier, dans la zone des Trois frontières Mali-Niger-Burkina. Les affrontements entre AQMI et l’EIGS mobiliseraient des centaines de combattants, selon des chefs des groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix mais observateurs avertis de l’activité des groupes jihadistes sur leur terrain, des sources militaires, ainsi que des analystes de la situation sécuritaire dans la région.
Les affrontements les plus récents se concentrent dans le Gourma et plus précisément vers les communes d’Indelimane, Ntillit ou encore N’Daki, dans la région de Gao. Il s’agit le plus souvent de « combats de rencontres » très localisés, d’assassinats ciblés ou d’embuscades, et non de batailles rangées à grande échelle.
Entre avril et juin dernier, c’était déjà dans cette zone du Liptako-Gourma que les branches locales du groupe État islamique et d’al-Qaïda s’étaient affrontées. Depuis, les combats entre les deux organisations jihadistes internationales s’étaient calmés, pour ce qui concerne le terrain sahélien, sans pour autant cesser totalement.
« Avantage au GSIM »
Les combattants de l’État islamique auraient pour la première fois remporté certaines victoires, grâce notamment à des hommes venus du Nigeria. « On a vu des gens parlant des langues qui ne sont pas connues au Mali », rapporte une source locale. Ces renforts sont rapportés par plusieurs sources qui ne s’accordent pas nécessairement sur leur envergure.
Ces derniers jours, c’est le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM, selon son acronyme en arabe), lié à Aqmi, qui aurait repris le dessus. Les affrontements auraient fait plusieurs dizaines de morts, avec finalement un « avantage au GSIM » sur lequel s’accordent les différentes sources contactées, même si aucun bilan fiable n’est disponible.
« Ces combats s’inscrivent dans un temps long », explique surtout un haut-gradé en poste dans la région, qui estime que la bataille en cours relève largement « de l’observation et de l’usure » et que le dénouement définitif est donc encore loin.
Frappes de Barkhane
Plusieurs sources évoquent enfin des frappes aériennes de la force française Barkhane : menées au cours des derniers jours, elles auraient visé essentiellement des positions d’Aqmi, ce qui aurait eu pour effet de favoriser les combattants du groupe État islamique.
Barkhane ne souhaite faire « aucun commentaire » sur le sujet, mais précise réaliser ses opérations « en fonction des renseignements disponibles », « sans discrimination » entre les groupes terroristes ennemis.
par : David Baché
Source : RFI