Le Mali, à l’instar des pays du Sahel, fait face aux conséquences de la sécheresse, aux inondations, au terrorisme et à la recrudescence des conflits intercommunautaires au nord et au centre. Ces évènements sont à l’origine du déplacement des milliers de personnes sur toute l’étendue du territoire, mettant ainsi plus de 3 793 061 millions d’âmes en situation d’insécurité alimentaire.
Le Mali vit une situation alimentaire très difficile liée à la sécheresse, aux inondations, aux conséquences du terrorisme et à la grande criminalité qui sévissent dans les régions du nord et du centre. Cette situation a engendré le déplacement des milliers de personnes vers les zones les plus sûres, dont Bamako et les régions du Sud. Les régions du Centre et du nord sont les plus affectées par l’insécurité alimentaire.
Selon le dernier rapport d’OCHA Mali, mis à jour le 12 septembre 2019, près de 3,8 millions de personnes, à travers le pays, sont touchées par l’insécurité alimentaire. Parmi elles, 548 644 personnes en insécurité alimentaire sévère et 3 244 417 millions de personnes sous pression. Ces chiffres alarmants s’expliquent, selon le système d’alerte précoce, par la recrudescence des conflits intercommunautaires dans le centre du pays durant le premier semestre de l’année 2019. Le conflit a augmenté le taux de la population en insécurité alimentaire, faisant passer les déplacés internes (PDI) de 84 300 en janvier 2019 à plus de 168 500 au 31 juillet 2019.
Selon le rapport de suivi des déplacements de juin 2019, environ 98 % des PDI se sont déplacés à cause de l’insécurité et 2% en raison des difficultés économiques liées au conflit, à l’insécurité alimentaire …
« Les difficultés d’accès aux champs par les cultivateurs et les éleveurs aux lieux de pâturages à cause de l’insécurité obligent les populations à rester confinées chez elles. Cette situation a contribué à élever le taux des populations en situation d’insécurité alimentaire », explique Momini Guindo, originaire du cercle de Bankass résidant à Bamako.
L’insécurité alimentaire est également accentuée par les inondations liées aux fortes pluies diluviennes de juillet-août 2019. Elles sont à l’origine de la destruction des cultures, des stocks de céréales, des bétails et d’autres biens matériels dans le district de Bamako et les régions de Koulikoro, Ségou, Tombouctou, Mopti et Kidal. Selon des chiffres fournis par OCHA-Mali en juillet dernier, elles auraient réduit les capacités de 7355 personnes à subvenir normalement à leurs besoins alimentaires en cette période de soudure.
Le commissaire à la sécurité alimentaire, Kassim Denon, a indiqué que le gouvernement a déjà engagé un plan de réponse contre l’insécurité alimentaire en initiant, lors de la campagne 2018-2019 une cérémonie de distributions gratuites des vivres sur toute l’étendue du territoire. Ce plan de réponse, affirme –t-il, a permis de distribuer 8000 tonnes de céréales à travers le programme spécial de sécurisation des régions du centre,12 000 tonnes dans les zones à risque identifiées par le système d’alerte précoce, 4049 tonnes de céréales distribuées en partenariat avec le programme alimentaire mondial (PAM) dans les régions, de Gao, Tombouctou, Kidal. Cette assistance alimentaire gratuite a touché 956 000 personnes, selon le Commissariat à la sécurité alimentaire.
Difficultés à mobiliser les ressources
Au terme de la réunion sur le Plan de Réponse Humanitaire entre les partenaires techniques et financiers et le gouvernement, le 30 août dernier, il est ressorti que 3,9 millions de personnes sont dans le besoin d’assistance humanitaire, plus de 68 600 personnes sont affectées par les inondations et 51 % des villages de la région de Mopti pourraient être touchés par la diminution des surfaces cultivées.
Les efforts des autorités maliennes ne semblent pas suffire pour trouver une réponse aux besoins alimentaires des déplacés à cause des moyens limités du gouvernement et les difficultés à mobiliser les ressources des donateurs. Pour la coordinatrice du système des Nations Unies en charge des affaires humanitaires au Mali, Mme Baranga Ngassangwe, le nombre des réfugiés ont atteint les 138 623 déplacés. Le montant du suivi des financements du plan de réponse humanitaire 2019 s’élève à 324 millions de dollars. Mais ce jour, indique-t-elle, les Nations Unies n’ont mobilisé que 30% des ressources, soit 96 millions de dollars ayant permis de couvrir seulement 26% des besoins.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb