CONSTAT. Les déplacés maliens affluent après les dernières attaques djihadistes. Par peur ou sur injonction des terroristes, les civils ne savent plus où aller.
Tout comme au Niger ou au Burkina Faso, la stratégie des djihadistes au Mali reste la même : s’imposer par la terreur. En plus de dynamiter les esprits par des enlèvements d’enseignants ou des fermetures d’école, leurs attaques continuent de vider des villages entiers. Ainsi, des centaines de civils ont quitté leurs villages dans le nord du Mali sur ordre des djihadistes ou par peur, une semaine après des attaques qui ont fait 42 morts, selon un bilan définitif des autorités. Selon plusieurs sources, ces déplacés atterrissent autour de la localité malienne de Labbezanga près de la frontière avec le Niger, soit plus à l’intérieur du territoire malien.
« Les déplacés sont de plus en plus nombreux après la dernière attaque djihadiste. Les terroristes ont donné des injonctions aux populations pour qu’elles quittent leurs villages. D’autres civils sont partis par peur. On compte plusieurs centaines à plus d’un millier de déplacés », a déclaré à l’AFP un important responsable de l’administration dans la zone, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
Des villageois piégés par les groupes terroristes
Les villages de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, trois localités voisines et proches de la frontière avec le Niger dans la région de Gao, ont été la cible d’attaques attribuées aux djihadistes le 8 août. En fait, ce sont 42 personnes qui ont été tuées, a dit à l’AFP un responsable gouvernemental, également sous le couvert de l’anonymat. « Des morts avaient été comptés plusieurs fois et des gens dont on n’avait pas de nouvelles étaient considérés comme tués », a-t-il expliqué.
Contacté brièvement par téléphone, un déplacé arrivé lundi dans la ville d’Ansongo avec sa famille a parlé de « véritable peur » qui s’empare des habitants des localités où l’État est absent. « Nous avons marché quatre jours à pied pour venir à Ansongo. Les djihadistes ont demandé aux gens de partir parce que nous sommes (serions prétendument) des espions de l’armée malienne. On n’a pas à manger. Tout le monde a peur », a-t-il ajouté.
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions indépendantiste et djihadiste dans le Nord, le Mali est plongé dans une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, malgré le soutien de la communauté internationale et l’intervention de forces de l’ONU, africaines et françaises. Les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, touchant particulièrement les populations civiles.
Le nombre des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays à cause des exactions des groupes armés et des bandes criminelles a dépassé deux millions au Sahel, indiquait l’agence de l’ONU pour les réfugiés début 2021. C’est quatre fois plus que deux ans plus tôt. L’agence dénombrait aussi plus de 850 000 réfugiés au Sahel.
Source: https://www.lepoint.fr/