Ce serait de la lapalissade que de dire que la classe politique malienne ait échoué de la plus lamentable des manières. Ce serait aussi de la platitude que d’affirmer que l’essentiel des Maliens, à ce jour, ne se reconnaissent plus en ces hommes politiques en raison de l’inconsistance morale aigue qui caractérise la majeure partie d’eux. Et malgré ce clair constat d’échec de l’élite politique ainsi que l’amère révolte de la conscience populaire nationale, ces mêmes individus restent insensibles à l’intérêt public.
En théorie, l’élite doit constituer ce noyau dur censé façonner les masses populaires dans un pays en vue d’orienter ces dernières dans la droite ligne d’un destin national digne d’histoire. C’est à l’élite de tracer les vrais sillons de l’émergence d’un peuple tout en le conditionnant à imprimer une direction à l’histoire.
Il ne saurait point s’agir pour l’élite dirigeante, d’infantiliser ou rabaisser à l’état de chose, le peuple et à qui revient l’absolue souveraineté des questions nationales. Il ne saurait également point s’agir pour elle de chercher à se maintenir éternellement dans l’arène politique nationale au point d’en faire un patrimoine personnel ou une institution dynastique.
Depuis l’avènement de la démocratie multipartite au Mali en février 1992 à nos jours, ce sont quasiment les mêmes acteurs politiques qui animent la scène nationale, avec chaque fois, les mêmes désespoirs. Aucun d’entre eux n’a jusqu’ici daigné faire publiquement et objectivement son autocritique face au peuple malgré leur échec abyssal dont les maliens continuent d’en payer le prix fort à tous les niveaux de leur existence.
Ce sont toujours les mêmes individus qui sont à l’opposition aujourd’hui et demain, dans les rouages du pouvoir. Ils virent à 180 degrés dans l’autre camp quand ça fait leur affaire et reviennent subrepticement au statut initial quand leurs intérêts sont menacés ou même atteints. Ces indécrottables manipulateurs sans foi, ni loi, se rangent chaque fois du côté du peuple tout en étant, en effet, très loin des intérêts de celui-ci. Il est à noter également que l’écrasante majorité de ces politiciens sans honneur, ni légitimité, est celle-là dont l’essentiel des fortunes a été engrangé grâce à l’activité politique et au rythme de malversations financières des plus suicidaires.
En définitive, ce ne serait rien d’exagérer que d’affirmer que cette satanée classe politique a causé bien plus de torts au Mali que l’enclavement géographique.
Modibo Kane Diallo