Mali: Sale temps pour les fonctionnaires corrompus

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Mamadou kassogué
Mamadou kassogué

L’histoire  de la troisième République du Mali retiendra que l’année 2019 a été  une période de  lourde épreuve pour les forces armées maliennes, mais également pour les fonctionnaires qui se plaisent dans le détournement des deniers publics sans se soucier des représailles de la loi.

Le duo  de l’actuel ministre de la justice, Malick Coulibaly, et le procureur chargé du pôle économique et financier de Bamako, Mamoudou Kassogue a donné le ton de cette croisade contre la corruption aux lendemains de la nomination du gouvernement, Dr Boubou Cissé. De l’affaire des ristournes des cotonculteurs en passant par celles des éclairages publics de la ville Bamako,  de l’aéroport de Bamako, les dossiers fonciers, des surfacturations au conseil régional de Kayes jusqu’à la publication, le weekend dernier,  du rapport annuel de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) sont autant de dossiers de scandale financier qui ont conduit plusieurs hauts responsable du Mali en prison. Et pourra éventuellement conduire certainement, dans les prochains jours, d’autres fonctionnaires.

Même si l’affaire dite ‘’des aéronefs cloués au sol ’’ dont beaucoup des associations de lutte contre le détournement des deniers publics  sont impatientes de voir des têtes tombées, il faut admettre  que la justice a donné une lueur  d’espoirs au peuple malien d’espérer et de renouer la confiance avec elle. Mais beaucoup reste à faire pour réduire la corruption qui semble ancré dans les mœurs du pays.

Le Mali, l’un des pays les plus pauvre de la planète et engagé dans une guerre coûteuse contre le terrorisme qui menace son existence, a vu le nombre de fonctionnaires milliardaires se multiplier depuis l’avènement de la démocratie. Des cadres avec un salaire de cent à cent cinquante mille francs à la fin de chaque mois mènent  de façon ostentatoire un train de vie supérieur à leurs revenus.  Aucun respect pour les maigres ressources de ce pays pauvre  qui sont détournées de façon astucieuse par des criminels financiers sans foi ni loi, à travers  les surfacturations des marchés publics, les retro-commissions, des marchés de l’Etat non exécutés mais entièrement financés sur papier…  Ces montants indûment acquis sont  blanchis dans les belles maisons à l’ACI 2000 et partout dans la ville de Bamako ainsi que dans sa périphérie dans les parcelles faisant  beaucoup de ces agents véreux des propriétaires immobiliers qui dépasse l’entendement de l’homme.

« 4,2 milliards FCFA pour trois fonctionnaires en 6 ans »

Le rapport de l’OCLEI prouve à suffisance  ce que la presse et les organisations de lutte contre la corruption  ont longtemps dénoncé depuis des années.  Trois fonctionnaires dont les salaires ajoutés aux primes ne dépassant pas  en six ans de travail 150 millions de FCFA  ont des biens  estimés à 4 milliards 282 millions FCFA dans ce rapport de l’OCLEI. Quel scandale !

Le premier, Inspecteur des services de sécurité sociale, est propriétaire de : ‘’17 maisons d’habitations, une parcelle déjà vendue, totalisant ses biens, à titre estimatif, à  969 millions FCFA’’.  Pendant qu’en 6 ans  de travail, son salaire est estimé à 63, 3 millions FCFA.

Le second, un inspecteur des finances  de son Etat, possède à lui seul: ‘’20 bâtiments,  17 maisons d’habitations, 2 écoles dont une bâtie sur 2000 m2 en R1,  une ferme agricole, 46 parcelles non bâties, 2 maisons d’habitations, 2 parcelles non identifiées et un bâtiment commercial déjà vendu’’. Le montant de ces biens est estimé à un milliard 562 millions FCFA.

Enfin, le troisième, également un inspecteur des finances,  est propriétaire de : ‘’18 maisons dont une résidence au niveau R4 à 400 millions,  3 maisons vendues à ses  propres enfants,  18 parcelles et des villas  à travers les ACI de Bamako dont certaines seraient encore en cours d’identification’’. Il est décidément le plus riche parmi les trois épinglés par ce rapport avec des biens estimés à un milliard 751 millions pour un salaire global de 27 millions sur les six dernières années écoulées.

Où va le Mali ? Où sont parties nos valeurs sociétales ? Un pays où il y a quelques décennies, mentir ou voler pour un citoyen était une perte de dignité  mais aujourd’hui, faire main baisse aux biens publics est devenu un luxe. Tous les yeux sont tournés désormais  vers la justice qui ne cesse de gagner en confiance en procédant à l’ouverture des enquêtes contre les hommes et les femmes qui se rendent coupables du détournement de l’argent public. L’espoir demeure permis pour endiguer la corruption Mali.

Siaka DIAMOUTENE 

Source : Maliweb

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