Mali / Sortie de la crise sécuritaire : De la « sécuro-dépendance » à la recolonisation

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G5 sahel a Ouagadougou
G5 sahel a Ouagadougou

Consciente des intérêts géostratégiques qu’elle a dans nos pays en particulier dans la région sahélienne, la France  ne se fera pas prier pour se rêver en « papa Noel » sécurocrate et sauveur, genre force «Takuba ».

A la conférence de paix de Paris, la semaine dernière, les présidents Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, Idriss Déby du Tchad, Mahamadou Issoufou du Niger n’ont pu s’empêcher de plaider pour l’opérationnalisation de la future force européenne censée se déployer pour nous sauver des griffes des terroristes. Et il est évident que Paris et ses alliés européens se feront désirer donnant l’impression de traîner les pieds pour contraindre nos dirigeants à venir les supplier sur les bords de la Seine ! Alors que la France a grand besoin de maintenir sa présence sur nos terres africaines. Pas pour nos beaux yeux de nègres, mais pour ses… intérêts. La France, disait le président François Mitterrand, n’ayant pas d’amis mais seulement des intérêts à préserver.

Fin calculateur et décidé plus que jamais à maintenir sa mainmise sur la partie la plus stratégique du continent le Sahel pour sa position, Paris continue de faire feu de tout bois pour que Bamako, Ouagadougou, Niamey et N’Djamena soient dans sa gibecière de la « sécuro-dépendance ». C’est pourquoi, en véritable pompier-pyromane, la France dira simplement être en train de se battre contre le péril terroriste, sans pouvoir prouver n’avoir aucun rôle à jouer dans la persistance du phénomène. Comment a-t-elle pu mettre fin ou annihiler l’irrédentisme corse sur son territoire, a raréfié la menace terroriste sur son sol et n’arrive pas à trouver la solution ou en proposer aucune à l’extension de la poudrière sahélienne de la mort. Paris a-t-elle sincèrement intérêt à voir le péril terroriste détruit et le job de Barkhane prendre fin ? Quid de la phase de prospection minière française dans le septentrion malien, nigérien, burkinabé, tchadien ? Quid de l’uranium du Niger matière première de base à l’industrie nucléaire française ?…

Avec plus de 4,500 hommes, la force Barkhane, malgré les richesses minières compensatrices de son…  «investissement», commençait à peser lourd pour sa prise en charge. Encore que son efficacité est en deçà des attentes au sein de l’opinion. Paris cherche alors à se faire épauler et à, pour ainsi dire, atténuer sa responsabilité face à une opinion subsaharienne de plus en plus exigeante. Emmanuel Macron a préféré finalement snober l’initiative de la force du G5 Sahel pour exporter « les militaires formateurs ou les forces spéciales » européennes sur nos terres que l’on dit inhospitalières mais si attrayantes !

La ministre française des Armées, Florence Parly est donc hautement engagée dans le plaidoyer pour recoloniser nos pays, qui ont commis le crime d’héberger un extrémisme suscité par une France néocolonialiste et explicatrice du continent noir. L’Italie l’avait si bien dénoncé récemment : La France sans ses bases africaines vaches laitières tirerait le diable du développement par la queue. Bienvenue donc la dépendance sécuritaire sous le couvert de la… recolo !

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb

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