Depuis dix jours, une médiation est en cours dans le cercle de Niono, où se trouve le village de Farabougou, encerclé depuis début octobre par des combattants jihadistes. Les négociations ont lieu entre tous les acteurs, y compris des jihadistes. Plus généralement, c’est l’ensemble de la zone qui subit l’emprise des jihadistes. L’armée a renforcé sa présence sur place, quatre ministres ont fait le déplacement pour un Forum de réconciliation il y a un mois, tout cela sans résultat.
Trois rencontres directes avec les jihadistes ont déjà été organisées, dans des zones reculées, en brousse. Les négociations sont menées par des représentants du Haut conseil islamique, comme l’avait recommandé le Forum gouvernemental de Niono il y a un mois. Ils interviennent essentiellement auprès de deux groupes : les jihadistes, qui se revendiquent comme tels sans préciser leur appartenance, et les chasseurs traditionnels dozos.
Les deux groupes prétendent protéger les populations, communauté peule ou villages bambaras, et les deux sont accusés de meurtres, d’enlèvements ou encore de vols. Depuis plus de deux mois, les habitants du cercle de Niono subissent des attaques lorsqu’ils partent cultiver leurs champs ou vendre leur bétail : c’est à ce cycle de violences que les négociations doivent mettre un terme.
DÉSARMEMENT
Au cœur des négociations repose le désarmement et la levée des barrages des chasseurs dozos ainsi que le respect de la volonté de chacun dans l’application de la charia. Port du voile, paiement de la zakat, interdiction des fêtes de rue pour enfants… Les médiateurs tentent d’obtenir des jihadistes qu’ils n’imposent rien par la force et qu’ils lèvent enfin le blocus imposé depuis début octobre aux habitants du village de Farabougou.
« Les discussions sont bien avancées » et les habitants seront bientôt libres de se déplacer et de reprendre leurs activités, selon l’un des cadres de l’équipe de médiation. « Nous sommes dans la dernière phase », assure-t-il avec détermination et optimisme.
Cependant, les chasseurs traditionnels dozos doivent encore s’entendre entre eux, afin que l’ensemble des confréries soient impliquées dans le futur accord de cessation des hostilités. Une vaste réunion est prévue ce jeudi à Macina.
Des discussions ont également lieu dans les communes concernées, pour susciter l’adhésion de populations fatiguées par les promesses autant que par la situation.
ESPOIRS ET DOUTES
Dans la zone, aucun mort n’est à déplorer depuis huit jours, mais la nourriture manque à nouveau dans le village assiégé de Farabougou, et les habitants du cercle de Niono sont toujours restreints dans leurs mouvements.
Aussi des notables et des élus des communes concernées, joints par RFI, continuent-ils d’exprimer leur désarroi et leurs doutes sur les négociations en cours. Ils déplorent notamment de ne pas être suffisamment associés au processus de médiation et doutent de la capacité d’acteurs venus de l’extérieur à obtenir un accord solide. Tous souhaitent évidemment retrouver au plus vite leur capacité à circuler librement et à s’adonner à leurs activités.
Source : RFI