Des tractations sont en vue pour l’avenir de la Minusma qui comptait beaucoup sur la présence de Barkhane au Mali. Les récentes incompréhensions entre le gouvernement et les forces françaises compromettent donc l’avenir de la mission de maintien de la paix au Mali. Les autorités ne veulent plus d’un contingent n’ayant pas le droit de faire la guerre aux terroristes.
Le mandat robuste qui avait été demandé en vain par l’ancien président IBK est en train d’être offert à la transition. Malheureusement, les autorités maliennes ne sont pas très enthousiastes pour cette facilité qui avait été refusée au pays alors que les terroristes rayaient des villages de la carte du Mali. Entre-temps, le Mali s’est tourné vers d’autres partenaires militaires pour s’équiper face à la menace terroriste.
Les équipements militaires obtenus grâce à cette nouvelle donne militaire ont permis à l’armée malienne de réduire considérablement les capacités de nuisance des terroristes. La Russie qui est à la base de cette montée en puissance de l’armée malienne est devenue l’un des soutiens de taille du Mali au sein des Nations Unies. Les prises de position de Moscou au Conseil de sécurité de l’ONU soulignent que le Mali pourrait demander un rôle plus grand de Moscou au sein de la Minusma.
Mais les fonctionnaires de l’ONU travaillent d’arrache-pied à éloigner du Mali d’autres forces européennes ou non africaines. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de sa dernière visite en Afrique de l’Ouest en début mai, a proposé l’idée d’une force ouest-africaine au Mali sous mandat de l’ONU. Cette force aura le mandat de faire la guerre aux terroristes.
Les armées ouest-africaines ne sont plus en odeur de sainteté au Mali. Beaucoup redoute un coup fourré de la part des chefs d’Etat de la sous-région qui imposent des sanctions économiques et financières au Mali. La transition peut-elle faire confiance à des gens qui privent les Maliens de leurs avoirs ? Les sanctions prises par la Cedeao pourraient être un prétexte pour le Mali de rejeter la présence des militaires de la Cedeao.
Les pays de l’espace régional sont considérés comme hostiles à la transition. Sur ce plan, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao auront du mal à convaincre les autorités maliennes. Bien que le Mali ait confié au Togo la responsabilité de plaider auprès des chefs d’Etat de la Cedeao, les sanctions pourraient se retourner diplomatiquement contre les chefs d’Etat et de gouvernement.
En tout cas, le cas malien donne du fil à retordre à la mission des Nations Unies au Mali, Minusma, dont le mandat s’achève dans l’incertitude. Le durcissement de la position du gouvernement malien pousse les responsables de l’ONU à faire des propositions qui risquent de ne pas passer auprès des autorités maliennes qui ont clairement affiché leur volonté de peser lourd dans les tractations.
Dans les rues de Bamako, certains jurent que les jours de la Minusma sont comptés au Mali. Pour eux, la mission onusienne n’a rien fait pour combattre les terroristes depuis son déploiement au Mali. Ainsi, la présence des casques bleus n’a pas empêché les pires massacres ayant visé les populations dans les régions de Mopti et de Ségou.
Les autorités de la transition elles-mêmes ne donnent pas cher de la peau de la Minusma. Les forces françaises qui assurent la sécurité de la Minusma n’ont plus la liberté de mouvement qu’elles avaient au Mali. La transition ayant mis fin aux accords de défense et de coopération militaire avec la France, il va falloir trouver un rapidement un remplaçant à l’appui français accordé aux contingents de la Minusma.
De fait, les casques bleus sont condamnés à se retirer du Mali si la situation actuelle se poursuit. Le Mali a récemment été soutenu par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU. Cela est intervenu le lendemain de l’annonce de la fin des accords militaires entre la France et le Mali. Dans ce contexte, la Russie pourrait jouer un grand rôle dans l’avenir de la Minusma.
Nampaga KONE
Source : La Preuve