Marcelin Guéngueré, porte-parole de Dan Na Ambassagou : «Il faut désarmer d’abord les cœurs et les esprits, avant de désarmer les mains…»

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Marcelin guengueré
Marcelin guengueré

La situation socio-sécuritaire devient une fois de plus tendue, après une période d’accalmie observée dans le centre du pays, principalement dans la région de Mopti. C’est du moins ce qui explique la sortie du porte-parole de Dan Na Ambassagou, Marcelin Guéngueré, qui, lors d’une conférence de presse, le jeudi 5 septembre, à la maison de la presse, s’est insurgé contre le bombardement par l’armée malienne d’un camp servant de cantonnement aux combattants de la milice d’auto-défense.

Selon Marcelin, porte-parole du groupe d’auto-défense Dan Na Ambassagou, le camp de base de Bandiougou a été victime d’un bombardement par trois avions de l’armée malienne qui ont largué plusieurs dizaines d’obus. «Le fait s’est produit le jeudi 5 septembre aux environs de 14 heures», a-t-il précisé.

Une occasion pour le conférencier de rappeler les autres actes commis par l’armée malienne, notamment à Koro en 2018, à Wadouba, Kani Bonzon et, récemment à Bandiougou en 2019. «Sans compter les attaques des camps de Koromatintin, en 2018, Wadoudoba et Djombolo en 2019 et le désarmement forcé que subissent nos combattants quotidiennement», a-t-il indiqué.

Pour lui, une paix durable ne se décrète pas mais se négocie. C’est pourquoi, il estime qu’il faut d’abord désarmer les cœurs et les esprits, avant de désarmer les mains ; avant  d’aller au désarment, démobilisation et réinsertion de leurs combattants (DDR). Le conférencier a exprimé le souhait de son groupe d’auto-défense à aller vers la paix.

De son avis, plusieurs rencontres ont été initiées en faveur du dialogue avec les autorités nationales et internationales, les associations et les leaders communautaires. Ces rencontres ont été même sanctionnées par la signature d’un accord de paix, signé par les chefs de villages peuls et dogons, d’un accord de cessez-le-feu unilatéral, signé le 27 septembre 2018 à Sévaré.

«Un communiqué conjoint de non-agression du 1er Juillet 2019 entre Dan Na Ambassagou et la coordination des groupes armés peuls du centre, a été signé», a-t-il souligné. Malgré ces engagements de Dan Na Ambassagou, Marcelin Guénguéré dit constater que les autres partenaires notamment les milices peulhs et le gouvernement du Mali ne remplissent pas leur part d’engagement et ne marquent pas leur volonté pour la paix.

«Les Peulhs continuent toujours de nous attaquer, alors que nous sommes restés toujours dans notre position de cantonnement dans nos bases. Nous demandons au gouvernement de jouer pleinement son rôle dans le sens de l’apaisement», a-t-il ajouté. Dan Na Ambassagou garde toujours la main tendue, selon lui, envers ses frères peulhs.

Le porte-parole Marcelin demande à ce que les responsabilités soient situées pour punir les coupables. Il demande également la libération de leurs combattants, au nombre d’une centaine, emprisonnés depuis plus d’une année. Aussi, exige-t-il que les désarmements soient faits avant la fin de l’hivernage. Le conférencier révèle que des avions étrangers survolent constamment la zone et atterrissent parfois même dans la forêt avec des objectifs dissimulés.

Enfin, le conférencier a réaffirmé leur intention d’aller vite vers la paix : «nous sommes des patriotes, nous ne sommes pas des terroristes, encore moins des génocidaires. L’Etat est obligé de nous protéger. Nous sommes tout simplement en position d’auto-défense et de légitime défense», a-t-il conclu.

Rappelons que le camp de Bandiougou abrite près de 150 combattants de Dan Na Ambassagou et près d’une dizaine de personnes ont été tuées par le bombardement militaire.

Madihawa Kébé

SourceLe Wagadu

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