Dès son arrivée au pouvoir, Amadou Toumani Touré surnommé « ATT » installe un comité transitoire pour le salut du peuple et dissout l’UDPM. Un civil, Soumana Sacko, est nommé Chef du Gouvernement. En 1992, conformément aux engagements les autorités de la transition, des élections législatives sont organisées, suivies un peu plus tard d’un scrutin présidentiel. A l’issue du second tour de ce vote, le 26 avril 1992, Alpha Oumar Konaré est élu Président de la République face à Tiéoulé Mamadou Konaté : c’est fut le début du renouveau démocratique au Mali.
En effet, la transition de 1991 peut être présentée comme un modèle de réussite. Tant le consensus a été la norme entre les différents acteurs dans la gestion des affaires de l’Etat.
Ainsi, le CTSP, organe qui regroupait militaires et acteurs du mouvement démocratique (vingt-cinq membres dont 15 civils et 10 militaires) a été mis en place, le dimanche 31 mars 1991, à la Maison du peuple de Bamako, à l’issue d’une réunion entre la coordination des Associations et mouvements démocratiques et le Conseil de Réconciliation Nationale qui avait déposé, le 26 Mars, le Général Moussa Traoré. Ce même dimanche, en début d’après-midi, fut prononcé la dissolution du CRN.
A l’issue de la cérémonie de mise en place du CTSP, le Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, Président de la nouvelle structure, s’exprimait ainsi sur la naissance du Comité qui consacre la légitimité née du 26 mars 1991: «L’acte Fondamental portant organisation des pouvoirs publics fait une large place aux Droits fondamentaux de l’Homme et du Citoyen. C’est dire la volonté du Comité de Transition pour le Salut du Peuple d’œuvrer à l’émergence d’un ordre reposant sur les valeurs démocratiques dans lequel l’Etat et ses services sont d’abord au service du Peuple. C’est dans cette éthique que nous inscrivons l’action du 26 mars 1991, qui venait parachever le combat du mouvement démocratique et syndical dont l’objectif est de rendre à notre Peuple et à son Armée leur dignité afin que, dans la paix, soit bâtie une société de Démocratie pluraliste, débarrassée de toute injustice sociale ».
Le CTSP avait pour mission de préparer les conditions du passage à une vie constitutionnelle démocratique et pluraliste. Le travail s’est d’abord focalisé sur l’organisation d’une Conférence nationale, une Assemblée souveraine convoquée, conformément à l’Acte fondamental du 31 mars, par le CTSP en vue d’examiner l’état de la Nation, d’élaborer un projet de Constitution et d’adopter un code électoral et une charte des partis. Un oui massif remporte le référendum constitutionnel le 12 janvier 1992.
Le Comité de transition convoque et organise une Conférence Nationale; elle est présidée par le Président du Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP), Chef de l’État, Amadou Toumani Touré, le 8 juin 1992. Ce Comité a quatorze jours pour mettre en place : un projet de Constitution ; un projet de Code électoral ; un projet de charte des partis et faire l’état de la Nation. A la Conférence Nationale, nombreux Délégués venus du monde rural et de la diaspora malienne ont également été conviés à participer.
La nouvelle Constitution est promulguée par le Décret n°92-073/P-CTSP du 25 février 1992. Cette Constitution est l’Institution cardinale de la IIIe République qui s’est inscrite résolument dans une dynamique, celle de la Démocratie et du multipartisme intégral. Une part importante est aussi réservée aux Droits de l’Homme.
En effet, les vingt-quatre premiers Articles de la Constitution sont consacrés aux « Droits et Devoirs de la personne humaine » et aux libertés (liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinions, d’expression et de création).
Le 8 juin 1992, l’investiture du Président élu, Alpha Oumar Konaré, consacre la fin de la (première) transition démocratique au Mali. Elle commence suite à une Révolution sociale et politique très douloureuse, elle gère une rébellion au Nord du Mali, négocie et signe un Pacte de réconciliation nationale avec la rébellion.
Aussi, le CTSP, sous la houlette de feu Général Amadou Toumani Touré, a su mener les réformes institutionnelles et organiser les élections générales dans un climat apaisé et accepté de tous.
Cette transition a permis d’enraciner la Démocratie dans notre pays et de poser les fondements d’un vrai élan de Développement économique social. Avant que ce cycle vertueux ne soit brutalement interrompu, le 22 mars 2012, par la faute à un homme, le Capitaine Amadou Aya Sanogo, qui, à la suite d’un coup d’Etat stupide, a précipité le pays dans l’abîme et l’a plongé depuis lors (2012) dans une crise sans fin.
Mémé Sanogo
Source : L’Aube