Encore des victimes du terrorisme aveugle et sanguinaire ! Trente-trois vaillants soldats de l’Armée nationale lâchement et froidement assassinés le 15 mars 2021 par des ennemis sans visage, sans foi ni loi, qui tiennent en haleine le Mali et les pays du Sahel depuis plusieurs années ! Il s’y ajoute quatorze blessés qui se débattent dans des douleurs intenses. L’immonde terrorisme tient ses classiques : dans le calme plat, alors que les efforts de recherche de solutions pour gagner la sécurité, la paix et le mieux-vivre ensemble sont en passe d’aboutir çà et là, l’ennemi sort incognito et frappe un coup retentissant pour saper la dynamique, mais aussi le moral des citoyens et des acteurs engagés à enrayer l’infernale criminalité.
A qui profite le terrorisme au Mali et dans le Sahel ? Chez qui la demande de cette « marchandise » est grande, demande qui, finalement, engendre l’offre ? Questions évidentes et incontournables, mais l’heure est à l’union pour circonscrire les drames devenus quasi quotidiens, voire les empêcher. Le terrorisme peut être l’arme des faibles qui aspirent à imposer leur volonté, elle peut aussi être celle des forts qui instrumentalisent les hors-la-loi à des fins de politique internationale. Les Maliens et leurs partenaires ont compris, depuis le 15 mars 2021, que la violence, principal masque du terrorisme, n’est pas pour lui une fin, mais un moyen pour attirer l’attention sur ses exigences et son programme déclaré, comme, d’ailleurs, souvent, sur le fait même de son existence. Le chercheur Segaller note que « La véritable cible des terroristes, ce n’est pas la victime, mais le grand public ». Dans l’espace du G5-Sahel, le terrorisme a pour noms djihadistes, narcotrafiquants et faussaires de tous genres. Ce savoir, c’est déjà un bon point.
Les pauvres militaires infortunés surpris ce 15 mars, selon le communiqué officiel du Chef d’état-major des Armées, en mission de défense de la patrie, constituaient la relève montante du poste de sécurité de Tessit, localité située à une soixantaine de kilomètres au sud-est d’Ansongo, dans la région de Gao. Dieu merci, plutôt que de provoquer démoralisation et découragement, l’horreur a soulevé un émoi tel que les Maliens, de l’intérieur et de l’extérieur, ont réagi avec un sens élevé du patriotisme légendaire qui a été le leur au travers des siècles. En effet, une fois informées de cette triste nouvelle, l’élan de solidarité des plus hautes autorités et des populations n’a pas manqué de se parer des couleurs du devoir : c’est comme si les desperados ont franchi toutes les lignes rouges, audace criminelle qui a été un appel et une invitation aux citoyens maliens de quitter tous ensemble la réserve pour monter au front. L’ennemi a suffisamment découvert son front au dedans comme au dehors, et l’impératif de se tenir debout sur les remparts s’est imposé à tous, résolus de mourir pour la patrie Mali.
Ainsi, une mission gouvernementale conduite par le ministre de la Défense et des anciens Combattants a été dépêchée sur place à Gao pour prendre part aux funérailles des illustres disparus. Au nom des plus hautes autorités, Colonel Sadio Camara a décoré à titre posthume tous les éléments décédés en mission. Auparavant, Bah N’Daw, le Président de la Transition, avait vite décrété un deuil de trois jours en la mémoire des dignes fils tombés sur le champ de l’honneur. Quant au Premier ministre en visite au centre du pays, il a rendu un vibrant hommage aux soldats tombés les armes à la main. Toute la société malienne, dans une communion des cœurs et des esprits, a non seulement condamné la forfaiture de trop, mais en plus a convenu de la solidarité des âmes : un Malien tué par les terroristes équivaut désormais à la mort de tous les Maliens. Autant monter ensemble dorénavant à l’assaut des terroristes. Le citoyen lambda, les partis politiques et les organisations de la société civile l’ont compris et ont condamné sans réserve la barbarie terroriste. Elan national louable, qui ne donne pas de place aux accusations et récriminations contreproductives. La manifestation de soutien spontané des populations et des organisations politiques et de la société civile aux FAMas est venue comme un acte inespéré qui a mis les cœurs à l’unisson, avec l’effet de calmer les tensions sociales. Situation favorable qui a permis aux plus hauts responsables de réfléchir sereinement aux mesures nouvelles à même de préserver la vie de nos soldats, en mobilisant à cet effet tous les moyens, logistiques et autres.
L’ampleur du drame et le retentissant qu’il a eu obligent certainement l’armée nationale de mener des enquêtes pour à la fois situer les responsabilités et comprendre le modus operandi de l’adversaire mouvant qui semble mieux connaître le terrain. En plus, conformément au Statut général des Forces armées, il sera certainement envisagé d’accorder une compensation aux ayant-droits des héros. Ces deux exigences relèvent, dans le contexte de la Transition, de la responsabilité du Colonel Assimi Goïta, Vice-Président chargé des pleins pouvoirs sur les questions de défense et de sécurité. Assurément, l’homme, qui jouit déjà d’une bonne réputation de combattant aguerri et particulièrement efficace sur le terrain, ne se défaussera pas de ses responsabilités.
A Diallo
Source : La Plume