Dans une crise comme celle qui secoue le Mali, toute initiative de médiation est à accueillir avec bienveillance. Le groupe des organisations africaines et internationales (Union africaine, CEDEAO, MINUSMA, UE) s’est mobilisé très tôt pour éteindre l’incendie né des élections truquées même si de nombreux observateurs ont pensé qu’ils pouvaient agir amont sur les facteurs de crise par une pression appropriée sur IBK.
Malgré tout, les médiateurs ne sauraient être tenus pour responsables de la situation que nous vivons. En revanche, le déséquilibre de leur démarche commence à agacer sérieusement les Maliens. Après avoir essuyé le refus catégorique du M5-RFP d’abandonner la démission de IBK comme solution à la crise lors d’une réunion le mardi après-midi, les médiateurs sont revenus dans la nuit de mardi à mercredi assiégés l’imam Dicko pour lui arracher une concession à la veille de l’arrivée de l’envoyé spécial de la CEDEAO, Goodluck Jonathan.
Le même zèle à l’endroit de IBK aurait sans doute aidé à faire bouger les lignes. Les 4 organisations ont été témoin du dilatoire de IBK qui, de retour du sommet du G5 Sahel s’est servi de l’imam Dicko comme faire-valoir à travers deux rencontres bidon, juste pour l’annonce et donner l’impression de faire quelque chose. Au prix d’une partie serrée, Mahmoud Dicko est parvenu à annuler la clause du départ de IBK contenu dans le Mémorandum ouvrant la voie à une discussion sérieuse sur la sortie de crise. L’UA, la CEDEAO, la MINUSMA et L’UE ont été témoin de l’humiliation infligée au M5-RFP lors de l’audience sollicitée par IBK qui, pourtant, renvoyait dédaigneusement ses adversaires discuter avec la Majorité présidentielle, leur demandant même de hâter le pas parce qu’il voulait urgemment former son gouvernement d’union nationale.
Cette gestion calamiteuse a produit le 10 juillet. Et sûr de sa force, IBK a donné de la troupe contre les manifestants faisant plus d’une dizaine de morts et plus d’une centaine de blessés. Maintenant que l’usage inconsidéré de la violence d’Etat n’a pas produit l’effet escompté, le Roi se trouve acculé dans ses derniers retranchements. IBK, en se jouant de Dicko, à voulu porter atteinte à sa considération d’imam et l’autorité morale qu’il représente. Il faut que les médiateurs aussi arrêtent de tirer cette corde. L’imam Dicko, comme les dirigeants du M5-RFP, développent une lecture de la mauvaise gouvernance du Mali à laquelle adhérent des millions de Maliens. La contestation, par sa force dans l’opinion, à gagner en autonomie, et que la communauté internationale arrête de faire croire qu’une personne peut stopper la vague contestataire. Plus malhonnête encore est que au moment où toutes les chancelleries se ruent vers l’imam, leurs médias ne cessent de le dépeindre avec leur fantasme anti-islamiste. La solution à la crise est entre les mains de IBK. De grâce, foutez la paix à l’imam Dicko !
C H Sylla
Source : L’aube