Si en politique l’un des indicateurs qui attestent bien de la popularité d’un homme est la mobilisation, il ne fait aucun doute que Karim Keita est bien populaire en commune II. Et le meeting géant qu’il a organisé dans le cadre du lancement de sa campagne était la cinglante réponse aux familles fondatrices qui ont appelé à s’ériger contre toute liste comportant le nom de Karim Keita. Emu par la grande mobilisation, l’honorable Keita a, sans détour, critiqué ses détracteurs et ses accusateurs dans la rocambolesque affaire de disparition du journaliste Birama Touré. Le fils du Président IBK n’est-il pas encore en route pour un deuxième mandat à l’hémicycle ? La famille de Birama Touré sera-t-elle suivie par les électeurs de la commune II du District de Bamako ? Ne devra-t-elle pas patienter comme la famille de Norbert Zongo du Burkina Faso, en attendant la fin du mandat d’IBK ?
L’honorable Karim Keita était aux anges le dimanche 8 mars 2020 lors du lancement de sa campagne pour l’élection des députés, tant la foule était sortie nombreuse et l’ambiance était festive. La seule question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si cette foule n’a pas été conditionnée pour être à ce meeting ? Si tel n’est pas le cas, on pourrait affirmer sans risque de se tromper que Karim Keita est encore en route pour l’hémicycle. Autrement dit, la campagne de sensibilisation des électeurs de la commune II contre sa liste ne semble pas pour le moment donner les effets escomptés, à deux petites semaines de l’élection.
C’est devant cette foule compacte que Karim Keita s’est livré à une diatribe contre ses détracteurs, à commencer par la famille de Birama Touré qui s’adonne à une campagne au relent d’accusation de complicité dans la disparition du journaliste. Le fils d’IBK a taclé la famille de Birama Touré en des termes qui frisent le ridicule, pour beaucoup. Il semble être maintenant rassuré d’un second mandat à l’Assemblée Nationale afin de jouir d’une immunité parlementaire. Il y aurait de fortes chances, qu’à partir du 2 Mai, une double couverture celle du pouvoir de son papa Président de la République et l’immunité parlementaire.
Concernant l’affaire Birama Touré, disons-le clairement, si Karim Keita bénéficie de la présomption d’innocence, il n’en demeure pas moins que la famille de Birama Touré a elle aussi pêché par son manque de détermination à aller jusqu’au bout afin que la lumière soit faite sur la disparition de son fils. Elle se serait même rendue coupable de complicité, quand elle a réservé un accueil chaleureux au Président de la République en occultant cette épineuse question lors de leurs multiples rencontres avec lui. Pire, la Famille Touré aurait même affirmé qu’elle n’a rien contre IBK, alors même que c’est son fils qu’elle incrimine ; à tort ou à raison. La famille Touré ne se serait véritablement intéressée à cette affaire que lorsque les associations de la presse l’aient prise à bras le corps. Et cela, pas parce qu’il s’appelle Birama Touré ou bien qu’il est issu d’une des familles fondatrices de Bamako, mais parce qu’il est journaliste et que ce qui lui est arrivé peut arriver à tout confrère
En définitive, la justice malienne est blâmable, tout comme la famille Touré. Cette affaire n’honore ni la justice, ni la famille Touré encore moins le Mali. Comme dans l’affaire du journaliste Burkinabé Norbert Zongo dont la famille a attendu plus de 20 ans avant de voir jaillir une lueur d’espoir, la Famille Touré pourrait prendre son mal en patience en attendant la fin du mandat d’IBK pour relancer l’affaire. En attendant, Karim Keita est bien parti pour remporter l’élection législative en commune II et certainement prétendre au perchoir.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept