Mesures contre la vie chère : Le faux jeu des opérateurs économiques

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Des denrées alimentaire de première nécessité
Des denrées alimentaire de première nécessité

Vingt-trois jours après la fermeture des frontières décidées par la Cédéao et l’Uémoa contre notre pays, les populations sont sous le coup de la cherté des prix des produits de consommation courante et la pénurie sur le marché. Où sont partis les opérateurs économiques qui se sont engagés à approvisionner correctement le pays et sans hausse des prix en plus des mesures de baisse de la base taxable prises en leur faveur par l’Etat ?

Malgré la fermeture des frontières, les consommateurs ne craignaient a priori aucune spéculation de prix ou pénurie de produits alimentaires pour trois raisons.

Primo, les sanctions infligées au Mali, consécutives au différend avec la Cédéao sur le délai de la transition assorti d’un chronogramme électoral, ne concernent pas les produits vivriers, médicaux, les hydrocarbures…

Secundo, au cours d’une réunion interministérielle ayant regroupé les ministres de l’Industrie et du Commerce, des Finances et de l’Economie, des Transports et du Désenclavement, avec la présence des Présidents de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (Ccim), du Conseil malien des Transports routiers (CMTR), du Conseil malien des Chargeurs (CMC), les importateurs ont pris l’engagement d’approvisionner le pays en produits de première nécessité, sans renchérissement des prix. Une mission de prospection a été envoyée en Guinée et en Mauritanie, pour diversifier les ports de transits du fret malien.

Tertio, bien avant ce blocus des frontières, des mesures avaient été prises en amont par le gouvernement, au mois de novembre dernier. Celles-ci visaient à trouver un compromis avec les importateurs, pour un ravitaillement correct du pays en produits de grande consommation (sucre, riz, lait, huile, farine, etc.) à un prix abordable. Les mesures du gouvernement visaient à faire face à la forte demande mondiale des produits de base par rapport à l’offre et au coût élevé du fret maritime, de la logistique comme le manque de bateaux, de conteneurs, toutes choses qui ont fait exploser les prix sur le marché international.

Au cours d’une conférence de presse en novembre dernier, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahamoud Ould Mohamed avait expliqué la situation conjoncturelle. Selon lui, le cours du sucre (502,2 dollars) la tonne a connu une hausse de 12 % par rapport à juillet 2021. Idem pour le blé, le riz, l’huile et le sucre qui ont augmenté de 33,13 et 4 % par rapport à 2021 culminant respectivement à 278,250 euros la tonne et 360 dollars la tonne.

L’Etat a renoncé à 50 % de la base taxable

Des mesures commerciales ont ainsi été adoptées pour éviter toute hausse de prix au mois de novembre. Ces mesures ont consisté à arrêter un prix indicatif plafond pour le sucre dans le cadre du programme de jumelage avec le sucre local (l’achat de sucre de Sukala et N-Sukala). Ce qui a fait que le prix fixé pour le Kg du sucre importé était de 500 F au moment où il se vendait dans des pays voisins à 700 ou 800 F CFA le kg. L’Etat a renoncé à 50 % de la base taxable pour fixer les prix indicatifs plafonds du riz brisure non parfumé importé, l’huile alimentaire. Le pain, la farine boulangère et le ciment font l’objet de prix consensuels.

Malgré toutes ces mesures de soulagement du consommateur, les prix ces dernières semaines sont prohibitifs. Le sucre, le lait, l’huile, le riz, etc. sont vendus à différents prix les uns aussi élevés que les autres. Certains commerçants, y compris des grossistes, vont jusqu’à faire de la rétention de leurs produits. D’autres jouent au rationnement en refusant de vendre au-delà de 10kg de sucre par client.

Le gaz butane est soumis au mécanisme de prise en charge du différentiel de coût de revient. La crise actuelle du gaz sur le marché est causée par la lenteur constatée du côté de l’Etat à éponger les arriérés dus aux opérateurs gaziers. Ceux d’entre eux qui n’ont plus de liquidité d’importer à cause de la cherté du prix du gaz sur le marché international, ont tout simplement préféré arrêter de produire. La demande étant plus élevée que l’offre, les consommateurs font les frais des revendeurs spéculateurs. Quant aux hydrocarbures, leur prix est fixé sur la base de la modulation du taux de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) et de la valeur en douane des hydrocarbures.

La semaine dernière, un nouveau compromis a été signé sur le prix du sucre, entre le Conseil national des prix, le ministère de l’Industrie et du Commerce, les grossistes, les importateurs de sucre et l’Association des Commerçants détaillants du Mali. L’accord concerne exclusivement le prix du sucre local produit par Sukala et N-Sukala, fixé à 500 F CFA le kilogramme et le sucre importé à 600 F CFA le kg.

Normalement, tout contrôle des prix doit s’effectuer dans le double sens. Un détaillant qui est pris en flagrant délit de hausse des prix par les agents de la Direction générale du Commerce et de la Concurrence (DGCC) doit pouvoir se justifier par sa facture d’achat. Sa peine doit alors être déterminée par le prix d’achat au niveau de son grossiste.

 

Abdrahamane Dicko

Source : Mali Tribune

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