Il ressort du dernier rapport sectoriel du Bureau du vérificateur général (BVG), publié lundi dernier, que l’Etat du Mali n’a toujours pas reçu de dividendes de Somilo SA après plus de dix ans d’exploitation et de bénéfices conséquents : 357, 02 milliards de bénéfices reportés au 31 décembre 2017.
Les statuts de Somilo-SA, en leur article 24, dispose : « La mise en paiement des dividendes doit avoir lieu dans un délai maximum de neuf mois après la clôture de l’exercice; ce délai peut être prorogé par le président de la juridiction compétente ».
Dans le but de s’assurer de l’application correcte des dispositions applicables en la matière, la mission du BVG a examiné les dossiers de prêts, les états financiers, la convention d’établissement de Loulo, les données comptables et les P.V des conseils d’administration.
- Des entreprises plus puissantes que l’Etat
La mission a constaté que le conseil d’administration de Somilo-SA n’a pas autorisé le paiement de dividendes à ses actionnaires dont l’Etat, depuis sa première production en 2005, alors que la société réalise chaque année des bénéfices dont le montant cumulé en fin 2017 est de 357 020 857 916 FCFA.
On constate dans le dernier rapport du BVG que des montages financiers autour des prêts et des opérations de trésorerie ont permis à l’actionnaire Randgold Resources Limited d’avoir, en plus du retour de l’intégralité de ses montants investis, une marge bénéficiaire qui avoisine les 90% des sommes investies.
«Au cours de la période sous revue, Somilo SA a remboursé à Randgold Resources Limited plus de 164 milliards de FCFA et les paiements sont effectués par le Directeur financier du même groupe. Dès lors que les avances de Randgold ont été considérées comme des emprunts avec intérêts composés, leur existence ne pouvait plus empêcher la distribution de dividendes. Par ailleurs, les représentants de l’Etat, pendant plus de dix ans, n’ont toujours pas pu exiger la distribution de dividendes car, victimes du montage financier et comptable de Somilo SA, toute chose qui, pour le bureau du vérificateur général, devrait attirer fortement l’attention du ministre chargé de l’Economie et des Finances et de celui chargé des Mines », peut-on lire dans ledit rapport.
En outre, on constate dans le même document que les engagements financiers des deux sociétés minières sont signés uniquement par les administrateurs représentant de l’actionnaire Randgold qui sont également chargés d’effectuer les paiements sur les comptes étrangers desdites mines.« Les contrats de prêt (dont les comptes d’associés bloqués) et l’accord de traitement par facturation du 1er juin 2011 entre Somilo SA et Gounkoto SA sont tous des engagements signés par les administrateurs de Randgold qui sont le Directeur financier du groupe Randgold et le Directeur commercial du même groupe. Ainsi, les avantages financiers sont orientés au profit du seul actionnaire Randgold Resources Limited (RRL) et ni les directions des deux sociétés ni les représentants de l’Etat ne sont impliqués dans la négociation et la signature de ces engagements financiers ». L’Etat malien, à travers le ministère en charge de l’Economie et des Finances, doit s’impliquer davantage dans le suivi des informations comptables des sociétés minières.
Abdoulaye Tangara
Source : Le témoin