Décidemment, la politique « du diviser pour régner » continue sous IBK. Alors même que dans une récente interview IBK avait qualifié l’Imam Mahmoud Dicko d’islamiste, le voilà déroulé le tapis rouge devant l’allié principal de ce dernier en l’occurrence le Chérif de Nioro, en lui permettant de nommer trois des six ministres qui composent le mini gouvernement. Cette attitude du Président de la République ne pourrait être qu’une mauvaise approche et une lecture erronée de la résolution de la gravissime crise multidimensionnelle qui bringuebale le Mali comme un vieil arbre sous une tornade depuis 2012.Ce n’est ni en soudoyant X, ni en promouvant Y qu’on pourrait résoudre la crise, il faudrait l’appréhender en proposant des solutions idoines pour la résoudre.A quand alors la catharsis véritable pour juguler la crise ?Pourquoi ne pas attaquer le mal jusque dans ses racines avec des profondes réformes au lieu d’adopter la politique de l’Autriche ou celle du diviser pour régner ?
Toutefois, le simple fait que le Chérif de Nioro nomma trois des six ministres du gouvernement restreint, en plus du maintien de Boubou Cissé à la Primaturequ’il souhaita, est déjà une belle victoire pour celui-ci, en attendant les prochaines échéances politiques.
Le Président de la République devra comprendre que la crise qui sévit au Mali est profonde et que ce n’est ni en faisant taire les leaders de la contestation, encore moins en achetant le silence des plus turbulents parmi eux, qu’on pourra la résoudre. Il faut un diagnostic approfondi assorti d’une ordonnance des spécialistes en crise pour guérir le mal qui est sur le point de se métastaser.Pendant sept ans, IBK n’a fait que gérer de façon artisanale le Mali. Sans programme, ni vision, les Maliens n’ont assisté qu’à un pilotage à vue, un saupoudrage. L’illustration parfaite de cette affirmation est le nombre très élevé de premiers ministres et de ministres. En effet, en sept ans de gouvernance le Mali a connu six premiers ministres et plus de deux cents ministres, mais pour un maigre résultat.Le Bateau Mali, en sept ans ne fait que tanguer et tous ses compartiments sont atteints. Jamais le Mali n’a été autant mal géré que sous IBK. Tous les secteurs sont minés par la corruption, le népotisme et le clientélisme. Jamais la culture de la médiocrité n’a atteint une telle proportion au Mali. Au point que nous assistons à un éternel conflit d’intérêts entre les gouvernants eux-mêmes. L’armée est en décrépitude, à cause de la corruption et de la malversation dont certains généraux font l’objet. Mal équipée et composée d’hommes démoralisés et victimes de la détérioration de leurs conditions de vie et de travail, notre armée peine toujours à retrouver son lustre d’antan. L’eau, l’électricité, la santé, l’éducation, la sécurité, l’emploi des jeunes, ces droits primaires pour tout citoyen, sont en passe d’être des luxes tant ils sont rares. C’est fort de ce constat à la fois amer et révoltant dans un pays où les ressources ne manquent pas, que des hommes et des femmes se sont mis ensemble pour dire ça suffit maintenant, le peuple aspire à un bien être. Le M5 RFP est la résultante de cette gouvernance chaotique, c’est pourquoi il est composé des partis politiques, d’associations de la société civile et des leaders religieux. Ce Mouvement dit hétéroclite, fait trembler le régime IBK par sa capacité de mobilisation. En effet, à trois reprises il a fait sortir des milliers de maliens pour réclamer le départ du Président de la République et de tout son régime. A cette revendication se sont greffées d’autres comme la dissolution de l’Assemblée Nationale, le démembrement de la Cour Constitutionnelle et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Comme réponse à ces revendications légitimes d’une frange importante du peuple, le régime IBK a ouvert le feu sur les manifestants tuant au moins 23 civils et plus de 200 blessés. Comme si cela ne suffisait pas il a mis en place un Mini gouvernement de six membres dont trois sont proposés par le principal allié de l’Imam Dicko, à savoir le Chérif de Nioro. Ce dernier fort de cette marque d’estime et de considération tente de dissuader le Mouvement du 5 juin de ne plus entreprendre une quelconque action touchant les deux têtes de l’exécutif, à savoir IBK et le premier ministre Boubou Cissé.De par la composition du Mini gouvernement et les propos du guide des Hamallistes, il n’y a aucun doute que le Mali est dirigé par le Chérif M’Bouyé de Nioro.
En effet, à court d’initiative et faute de solutions, le Président de la République est allé se confier à un cet autre leader religieux. Alors pourquoi stigmatiser l’un en le qualifiant de djihadiste et aduler l’autre en déroulant le tapis rouge, alors même qu’ils ont dit Urbi et Orbi qu’ils sont les deux mamelles d’un même corps ?
En somme, Le Président de la République devrait comprendre que la stratégie du diviser pour régner ne pourrait pas prospérer, car la crise malienne est tellement profonde qu’elle va au-delà d’une simple question de personne, elle est à la fois structurelle et conjoncturelle. Donc, autant la prendre à bras le corps avant qu’il ne soit trop tard.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept