Depuis plus de 7 ans, le ministère de la Défense et des Anciens combattants n’avait eu que des civils à sa tête. La nomination du général Ibrahim Dahirou Dembélé, un homme de terrain et un pur produit de l’armée nationale, met fin à cette parenthèse au moment le pays est en guerre.
Depuis 2012, il n’y a que des civils qui se sont succédé à la tête du ministère de la Défense et des Anciens combattants. Une situation bien compréhensible dans un état républicain, en temps de paix. Mais très mal vue dans notre situation actuelle où le pays fait face aux terroristes et autres acteurs de la guerre asymétrique.
La nomination du général de Brigade, Ibrahim Dahirou Dembélé, suscitée par des proches du régime, des hommes de rang et des stratèges des questions militaires, a été bien appréciée par l’opinion publique nationale et surtout ceux qui connaissent bien le parcours de ce brillant officier supérieur.
Le général Dembélé est un militaire de carrière, qui ne connait que le métier des armes. Ancien du Prytanée militaire de Kati et de la prestigieuse Ecole interarmes de Koulikoro (Emia), avec un parcours jugé très honorable bardé de biens d’autres diplômes et distinctions militaires, Dahirou pour ses intimes, a fait ses preuves partout où il a servi au sein de l’armée nationale. Il a été chef d’état-major dans plusieurs régions militaires du Mali, commandant de troupe sur des champs de guerre au Mali et au Libéria, entre autres.
Certains de ses compagnons d’arme se souviennent encore de sa bravoure pendant les moments chauds de la rébellion au Mali, vers le début des années 90. A l’époque, jeune officier à la tête de sa troupe, il n’hésitait pas à aller à la conquête de l’ennemi, qu’il traquait jusque dans son dernier retranchement.
“Dès qu’il apprenait par des informations militaires, la présence de colonnes rebelles dans des zones comme la forêt du Wagadou jusqu’aux confins de la frontière mauritanienne, il mettait sa troupe en route nuitamment. Une fois la troupe arrivée le petit matin dans la zone ciblée, l’ennemi surpris dans son sommeil ne constatait que des dégâts ou l’anéantissement total”, témoigne un homme de rang qui a fait aujourd’hui valoir ses droits à la retraire. Et de poursuivre, “plusieurs bases ennemies ont été détruites au bout de quelques mois, ce qui a beaucoup contribué à mettre un terme à la rébellion du nord et ce qui a abouti à la signature de la flamme de la paix”.
Rompu à la tâche, respectée par la troupe
Avec tous ces préjugés favorables, l’ancien chef d’Etat-major général des armées pendant la transition et le désormais ex-inspecteur général des armées et services, précédemment pressenti ambassadeur du Mali au Japon, a bien les coudées franches pour assurer la défense du pays. C’est à cet homme rompu à la tâche, respecté par la troupe et fin tacticien, que le Premier ministre Boubou Cissé a confié le département de la Défense et des Anciens combattants, sous le contrôle du président de la République, chef suprême des armées.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita ne s’était pas trompé d’ailleurs pour lever en février 2018 son contrôle judiciaire qui l’avait mis au garage pendant des mois, suite à la disparition suspecte des bérets rouges pendant la transition pour une histoire de “contre coup d’Etat”, où il était chef d’Etat-major général des armées. Il a été après réhabilité et promu inspecteur général des armées et services et général de Brigade le même jour.
Pour la petite histoire, suite à la même affaire, le mérite lui revient de s’être personnellement déplacé à la résidence du capitaine Amadou Haya Sanogo, à la base, pour lui demander de se mettre à la disposition de la justice après avoir désarmé sa garde approchée lourdement armée.
Il est tout simplement de la race d’officiers ou de soldats tout court, qui croient fermement qu’il n’y a d’autres issues pour un militaire que de se battre sur le champ d’opération. Bien sûr, c’est au pied du mur qu’on connait le maçon, et on est tenté de dire, “général Dahirou, à vos armes, les populations meurtries du nord et du centre vous regardent”.
La dernière nomination de ces dernières années d’un militaire comme ministre de la Défense et des Anciens combattants remonte à la transition dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité national de Redressement de la Démocratie et de Restauration de l’Etat (CNRDRE). A l’époque, le portefeuille était confié au général Yamoussa Camara nommé en août 2012 dans le gouvernement du Dr. Cheick Modibo Diarra et reconduit en décembre de la même année, par le Premier ministre Diango Cissoko.
Le général Camara qui avait succédé à son frère d’arme, le général Sadio Gassama qui avait lui-même été d’abord ministre de la Sécurité et de la Protection civile en 2001 par le président de la République de l’époque, le général Amadou Toumani Touré, dans les gouvernements successifs des Premiers ministres Ousmane Issoufi Maïga, Modibo Sidibé et Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Il hérite plus tard en février 2012, de la Défense et les Anciens combattants, en pleine crise du nord, jusqu’à la chute du régime d’ATT la même année.
Abdrahamane Dicko