L’information a été portée à la connaissance du grand public par le ministère de la Santé : deux camions remplis de médicaments antipaludiques, destinés aux populations du nord, ont disparu entre Sévaré et Gao. Depuis, aucune nouvelle à part que les deux chauffeurs sont réapparus comme par enchantement.
Comme dans un film : deux camions remplis de médicaments avec à leur bord «que» le chauffeur (pour chaque camion) quittent Mopti le 9 juin, direction Gao, Kidal, Ansongo et Ménaka. Quelques jours plus tard, les deux camions, les chauffeurs, les médicaments, disparaissent de tous les radars et ce n’est que 12 jours plus tard qu’au niveau de Bamako, on se rend compte de la gravité de la situation et on prend le temps de pondre un communiqué pour informer.
Et, chose bizarre et incompréhensible, le lendemain, 22 juin, tous les deux chauffeurs réapparaissent et, depuis, silence radio. Point de camion encore moins de médicaments.
Les deux communiqués sont signés du secrétaire général du ministère de la santé, Dr. Mama Coumaré. Le premier, en date du 21 juin 2019, dit ceci : «Le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales informe l’opinion publique que, dans le cadre d’un approvisionnement correct du pays en médicaments, deux camions de livraison de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM) ont quitté Bamako, le 5 juin 2019, pour Gao. Les deux véhicules transportant les médicaments pour Gao, Ansongo, Kidal et Ménaka ne sont jamais arrivés à destination (Gao) alors qu’ils ont quitté Mopti depuis le 9 juin 2019. Ayant perdu tout contact avec les conducteurs, le ministère, à travers la Pharmacie Populaire du Mali, a alerté aussitôt les services de sécurité.
En attendant les conclusions de recherches des services compétents, les informations recueillies sur place font état d’un braquage et d’un enlèvement des véhicules et leurs contenus (majoritairement composés de médicaments antipaludiques) d’une valeur d’environ 112 millions de francs CFA. Ces médicaments antipaludiques étaient destinés à la prévention du paludisme dans ces régions. Suivant cette situation de près, le ministre de la Santé et des Affaires Sociales a eu ce vendredi 21 juin 2019, une rencontre avec la direction de la Pharmacie populaire du Mali à qui des instructions ont été données dans le sens d’un dénouement heureux de cette situation…».
Comme par enchantement, à peine ce communiqué rendu public, le lendemain même, 22 juin 2019, voici ce que nous apprend un second communiqué signé du même secrétaire général : «Dans le cadre des recherches en cours pour retrouver les deux camions de livraison de médicaments de la Pharmacie Populaire du Mali (PPM) et leurs conducteurs, braqués et enlevés entre Douentza et Gao, le 9 juin dernier, le ministre de la Santé et des Affaires sociales informe l’opinion publique que :
-Après11 jours passés entre les mains de leurs ravisseurs, les conducteurs des camions ont été retrouvés ce samedi 22 juin 2019, dans le village de Dalla, à environ 40 km de Douentza. Les conducteurs ont recouvré, sains et saufs, leur liberté. Le ministre de la Santé et des Affaires Sociales se réjouit de cette libération et garde l’espoir de retrouver intacts les camions et les médicaments qu’ils acheminaient à Gao pour le cercle d’Ansongo et les régions de Kidal et Ménaka…».
Depuis, silence radio total. Aucune nouvelle des médicaments et les conducteurs qui sont réapparus, comme s’ils avaient disparu (par magie), sont muets comme des carpes.
À présent, on ne peut s’empêcher de se poser quelques questions qui méritent des réponses du côté du département de la Santé ou de la direction de la Pharmacie populaire du Mali.
Depuis quand, et surtout par ces temps d’insécurité chronique, prend-on le risque d’envoyer des camions pleins de médicaments avec comme seul passager le chauffeur, sans aucune escorte ? Même en temps normal, le chauffeur seul ne conduit pas une telle mission.
Pourquoi aucun responsable de la PPM n’a pris part à cette mission ?Pourquoi n’ont-ils pas prévu d’escorte pour la sécurité des chauffeurs et des médicaments ?
Moussa Touré
Source: Nouvelle Libération