MISE EN PLACE DE LA TRANSITION : OÙ SE TROUVE LA CHARTE DE LA TRANSITION ?

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CNSP
Le colonel Assimi Goïta (au centre), le 22 août 2020 lors d’une réunion avec les officiers militaires maliens et une représentation de la Cedeao, peu après le coup d’Etat du 18 août à Bamako. ANNIE RISEMBERG / AFP

Depuis le 25 septembre, notre pays a amorcé une nouvelle page de son histoire avec la transition assurée par le Président Bah N’Daw. Cette transition aura pour guide la charte issue des concertations nationales tenues du 10 au 12 septembre 2020. Mais le plus curieux dans les œuvres du CNSP reste la charte qui est inconnue par le peuple.

Bah N’Daw l’a dit lors de son investiture, la charte de la transition sera mon “bréviaire’’. Si l’opinion nationale convenait que cette transition a pour socle le document issu des assises nationales, il est important de souligner aussi la controverse qui entoure celui-ci depuis son élaboration.

Plus besoin de rappeler que la charte en question été et est toujours contestée aussi bien au Mali que par la CEDEAO sur certains aspects clés. La CEDEAO et le M5-RFP ont apporté successivement des amendements à ce document que le CNSP a annoncé et qu’il était aussi le texte fondamental bis ou même au-dessus de la constitution du Mali.

Mais, à la seule différence que la constitution du 25 février 1992 est connue de tous les maliens comme étant le cahier de la République du Mali. Cependant, la charte de la transition qui devrait avoir la prééminence sur celle-ci n’est toujours pas connue et reste le seul bien du CNSP qui connait son rôle ses attributs et son contenu au grand dam des Maliens.

Depuis le 25 septembre, le Président et le vice-président de la transition ont pris fonction après la prestation de serment. Deux jours plus tard, soit, le 27 septembre, le Premier ministre Moctar Ouane est nommé. Les organes de la transition prennent place, mais nul ne sait jusqu’alors que sur quel document ils prennent leur référence pour décider. Même dans une république bananière, il existe des lois bien connues des loubards. Mais force est de constater que les Maliens sont dirigés par des textes qu’ils ne maitrisent même pas encore sur la seule volonté et unique volonté des militaires au pouvoir depuis le 18 août.

Selon certains,  cette charte n’est même pas signée et pire elle n’est pas publiée au journal officiel. Comment comprendre qu’un document d’une telle valeur se retrouve dans les mains de la junte qui fait de lui son bon vouloir contre tout un peuple ?

Plus encore, ce document est contesté largement par des participants qui pensent que le document final aurait été falsifié par la junte. Malgré le fait qu’Accra au Ghana lors du mini-sommet des chefs d’État de la CEDEAO sur le Mali, plusieurs observations ont été faites sur la charte de la transition. La CEDEAO rejette entre autres les prérogatives attribuées au vice-président qui selon eux, ne peut uniquement s’occuper que des questions de “la défense et de la sécurité’’. “Le vice-président de la transition comme prévu par la charte de la transition ne pourra, en aucune manière, remplacer le Président de la transition’’, avait clairement indiqué la CEDEAO dans son communiqué final à Accra.

À ce jour, ce document qui fait office du texte fondamental, égal ou supérieur à la Constitution malienne selon le CNSP, reste inconnu du peuple.

C’est pour cette raison que malgré la nomination d’un président et Premier ministre civils, la CEDEAO refuse de lever les sanctions. Et la dernière sortie du Président Nigérian, Muhammadu Buhari en dit long sur l’attitude obscure du vice-président, dont les intentions sont inavouées. Le nigérien parle de « zones grises » sur la vice-présidence qu’il demande aux autres présidents de lever l’équivoque avant la levée des sanctions définitives sur le Mali.

Toutefois, la CEDEAO reste campée sur sa position. Le Médiateur a exprimé la volonté de la CEDEAO “d’obtenir la version finale et officielle de la charte de la transition prenant en compte les décisions issues du sommet des chefs d’État et des gouvernements de la CEDEAO’’. La CEDEAO a une fois encore insisté sur la dissolution du CNSP avant ou après l’investiture du Président de la transition. “Les responsabilités du vice-président seront chargées de la sécurité et de la défense. L’impossibilité du Vice-président de remplacer le Président de la transition et la durée de la transition est de 18 mois à compter de 15 septembre 2020’’, entre autres.

Bourama Kéïta

Source : LE COMBAT

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