Modèle démocratique malien : Les regards croisés des acteurs politiques

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Dans le cadre des activités commémoratives du 31ème anniversaire de l’avènement de la démocratie au Mali, l’Adema-Parti africain pour la solidarité et la justice a organisé un panel des acteurs du 26 mars 1991. Objectif : jeter un regard critique sur les 31 ans de démocratie. C’était le samedi 2 avril dernier, au CICB.

Prenant la parole, les panelistes en charge d’animer les différents thèmes ont tour à tour égrené des points positifs, des insuffisances et déceptions pendant les 31 ans d’exercice démocratique.

Selon Sy Kadiatou Sow, le modèle de démocratie au Mali est adapté, malgré ses insuffisances.
« Les fondements de la démocratie (liberté d’expression, d’association, etc..) ne sont pas à remettre en cause. Il y a des insuffisances qui ne sont pas liées au système, mais au mode de gouvernance que nous avons fait. L’EID, une initiative des autorités maliennes qui offre l’occasion d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la violation des droits humains, sur la détresse des citoyens confrontés à l’injustice, a fait des émules. Il faut noter l’initiative heureuse du Centre Djoliba qui a organisé l’Ecid : Espace communal d’interpellation démocratique à Sikasso en novembre 2001.

Au regard de ce développement, il est évident qu’il y a encore un long et difficile chemin pour répondre aux attentes des populations.

Pour autant, est-il envisageable de renoncer à la démocratie pour instaurer, comme rêvent certains de nos concitoyens, une « dictature éclairée » ?
La question n’est pas de savoir si le sursaut est possible. Il s’agit de réfléchir ensemble sur le comment réussir ce sursaut ? Quelle doit être la part d’engagement de chacun des acteurs, en particulier les partis politiques qui constituent un des piliers majeurs de la démocratie ?

Serons-nous capables de nous remettre en cause pour faire face aux lourdes menaces qui planent sur notre processus démocratique ?

Le vrai défi est donc de consolider les acquis et de reformer ce qui doit l’être pour l’adapter à l’évolution de notre société dans un monde en pleine mutation.
Est-ce trop de demander aux leaders politiques de respecter leurs textes et d’être exemplaires dans la conduite des missions qui leur sont confiées et dans leurs comportements quotidiens ? Aux citoyens d’assumer pleinement leur citoyenneté en contrôlant les décisions prises et actes posés en leur nom ?
Puissions-nous toutes et tous être à la hauteur des attentes de notre peuple !», a-t-elle laissé entendre.

« Le citoyen est transformé en bétail électoral. Aujourd’hui, au Mali, la démocratie sert l’élite et non les citoyens. Il faut inverser cette situation », fustige Dr Oumar Mariko.

Pour Tièbilé Dramé, tout n’est pas rose, il y a eu incontestablement des acquis car, dit-il, la réforme de décentralisation a permis la responsabilisation des populations, la gestion de proximité malgré les nombreuses contraintes liées à la mise en œuvre de cette réforme. Une nouvelle citoyenneté s’est créée. La mise en œuvre de ces réformes a permis un meilleur accès aux services sociaux de base : école, santé, eau potable, assainissement) malgré les difficultés persistantes dans le transfert des ressources et compétences aux collectivités.

Quant à Me Mountaga Tall, il dira : « Le 26 mars est l’aboutissement d’une lutte, mais la liberté n’est pas une fin en soi. Le mouvement démocratique n’est plus comptable de ce qui s’est passé au Mali, depuis le 8 juin 1992. Après la transition, le mouvement démocratique a remis le pouvoir à un président élu. Ce qui s’est passé au Mali depuis cette date peut engager certaines personnalités du mouvement démocratique ».

Et de poursuivre : « La démocratie reste le meilleur système. La seule alternative à la démocratie est la dictature. Faisons en sorte que le choix des hommes soit le plus transparent possible. Ce qui manque, c’est une opinion publique qui joue son rôle dans le contrôle de l’action des gouvernants. Il faut passer les gouvernants à un scanner politique. On sait qui a fait quoi dans ce pays. Au-delà du bilan global de la gestion des différents régimes en terme notamment de réalisations physiques des programmes de développement dans les différents secteurs d’activités (et je pense qu’il est temps que le parti Adema se décide à enfin publier le sien), le plus important à mon sens est de relever les actions positives et les insuffisances/échecs qui ont jalonné ces dernières décennies de pratique démocratique ».

Pour sa part, Soumana Sako a souligné que les tentatives de modification de la Constitution signifient que le système démocratique au Mali comporte des insuffisances.
L’ancien Premier ministre de soutenir que le modèle de démocratie n’est pas adapté aux réalités de la société malienne.

« La démocratie pluraliste n’est qu’un leurre. A l’époque, avec le vent de la démocratie qui soufflait sur l’Afrique, on nous a mis en demeure d’ouvrir notre société au pluralisme politique. Ce modèle n’est pas adapté à notre société, car l’économie de marché va de pair avec la démocratie de marché, qui permet aux puissances capitalistes de piller nos ressources », a regretté le président du Cnas Faso Hèrè.

Solo Minta

Source : Le Tjikan 

 

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