MONNAIE ECO : DIFFICILES COMPROMIS

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Alors qu’il était annoncé pour le 1er juillet 2020, le passage du franc CFA à l’Eco semble désormais dans une impasse, selon certains observateurs. Outre la réticence du Nigeria et la pandémie du coronavirus, ce sont les conditions mêmes du changement qui ne sont pas réunies. Car plus qu’un changement de nom, il faut un changement de système, auquel pour le moment les pays de la zone UEMOA ne sont pas encore prêts.

Difficile de dire à quelle date la nouvelle monnaie Eco, dont la naissance a été annoncée en grande pompe en décembre 2019 par les Présidents français et ivoirien, sera effective. Après le report de sa date initiale de lancement, le 1er juillet 2020, c’est désormais tout le processus qui est compromis. «  Nos dirigeants n’ont ni les moyens économiques, ni politiques pour changer le franc CFA en Eco », tranche M. Seydou Diawara, économiste.

Il estime que la nouvelle monnaie n’a pas plus d’avantages que le CFA. Outre la parité, qui ne bouge pas, il n’y a pas de garantie autonome et, sur le plan économique, « nous ne pouvons pas gérer notre inflation ». La zone UEMOA, dont les 8 pays ont en partage le  franc CFA, doit se donner les moyens de mettre en place l’Eco, suggère M. Diawara.

Changement de système

« Pour le moment, nous subissons notre système économique plus que nous ne le faisons ». Le combat est donc le changement du système monétaire, mais pas un simple changement de nom. « Il s’agit de divorcer avec l’ancien système, qui ne nous arrange pas » et le combat pour l’indépendance monétaire doit se poursuivre, selon M. Diawara.

Il demeure des obstacles importants sur la route de la réforme du franc CFA. Première économie africaine et 70% du PIB de la Zone CEDEAO, à laquelle doit normalement s’étendre la nouvelle monnaie, le Nigeria n’est pas favorable à ce passage à l’Eco, en tout cas pas dans sa forme actuelle, selon ses dirigeants.

Au-delà du retour symbolique des réserves des pays de l’UEMOA du Trésor français et du retrait des représentants français des organes de gestion de la BECEAO, pour être viable l’Eco doit aplanir les divergences entre l’UEMOA et la CEDEAO sur le taux fixe ou flottant de la « nouvelle monnaie », son adossement à l’Euro et la garantie française soutenue par les pays de l’UEMOA, Côte d’Ivoire en tête, et réfutée par le Nigeria.

Fatoumata Maguiraga

Chiffres

Nigéria : 70% du PIB de la Zone CEDEAO

50% : Réserves  des pays de l’UEMOA déposées au Trésor français

Source : Journal du Mali

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