Montée en puissance de l’armée malienne : réalité ou mirage ?

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Un combattant de la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA), un groupe d'autodéfense, brandit son arme près de la frontière entre la Mali et la Mauritanie le 22 janvier 2020
Un combattant de la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA), un groupe d'autodéfense, brandit son arme près de la frontière entre la Mali et la Mauritanie le 22 janvier 2020

Il n’est pas rare d’entendre que le négatif parfait n’existe pas. Si le renversement en aout 2020 du régime d’Ibrahim Boubacar Keita a un point positif, c’est qu’il aura permis à l’armée de prendre en main son propre destin. Depuis, les forces armées du Mali (FAMa) alternent le bon et le moins bon. En effet, il y a 8 mois la grande muette, vu les difficultés auxquelles elle est confrontée, décidait de se faire entendre par un putsch en prenant les commandes de l’appareil d’Etat. Aucun prétexte n’aura donc plus d’audience, elle devait s’assumer en toute responsabilité.

Au lendemain du coup d’Etat du 18 aout, plusieurs positions djihadistes ont été bombardées par l’armée. Toutes choses qui auguraient d’une lueur d’espoir dans le marasme sécuritaire que connait le pays. Pour beaucoup d’observateurs, l’armée, qui était sans cesse sur la défensive, avait pris une posture offensive. Cette montée en puissance apparente des FAMa suscitait une euphorie extatique de la population qui n’aspire qu’à retrouver sa quiétude d’antan. Mais, très vite une série d’attaques meurtrières est venue rappeler la complexité du problème sécuritaire persistant au Mali. On y dénombre entre autres celle de Farabougou, un village du Cercle de Ségou assiégé par des présumés djihadistes jusqu’avant le passage du colonel Assimi Goita et de son unité spéciale – mais dont les habitants sont demeurés longtemps sous le blocus des assaillants et sans possibilité de vaquer à leurs occupations jusqu’à l’intervention du Haut conseil islamique.

On note aussi qu’en Février 2021, un détachement des FAMa en route pour Mondoro a vigoureusement répliqué à une attaque terroriste sans enregistrer de pertes en vies humaine. En revanche, le 15 mars 2021, une attaque contre la relève montante du poste de sécurité de Tessit a occasionné une trentaine de morts dans les rangs des FAMa et une bonne vingtaine du côté des terroristes et l’attaque du 24 mars 2021 contre un camp de cantonnement des anciens combattants, à quelques encablures de Sevaré, a fait 2 morts. Le 25 mars 2021, à Mopti, c’était au tour d’un poste de sécurité de Medina Coura de subir une attaque ayant fait un mort, puis récemment, le 2 avril 2021 à Diafarabe, deux autres morts une dizaine de blessés lors d’un autre assaut sur le poste de sécurité des FAMa.

Par ailleurs la publication, le 30 mars 2021, de la conclusion de l’enquête de la mission des nations unies au Mali (MINUSMA) sur la tragédie de Bounty en janvier 2021 est révélatrice à deux niveaux : d’une part, on s’aperçoit que même l’une des plus grandes armées du monde a du mal à faire le distinguo entre terroriste et simple citoyen au Mali tant est grande la confusion; d’autre part cette publication de la MINUSMA – à la limite de la dénonciation destinée à se faire la part belle – dénote de l’enjeu qu’est devenu le Mali.

A la lumière de cette succession d’évènements depuis la chute du régime IBK, on peut affirmer sans risque de se tromper que les attaques n’ont point cessé même si les FAMa sont de plus réactives face aux assauts ennemis. La montée en puissance de notre armée est le souhait ardent de tout Malien, mais est-ce réellement la seule voie pour nous sortir de ce guêpier quand on sait tous les problèmes liés à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, qui est pourtant la condition sine qua non imposée par les groupes irrédentistes pour un retour définitif de la paix au Mali.

Ousmane T Diakité

Source : Le Témoin

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