C’est demain samedi 5 septembre 2020 que débuteront les concertations nationales convoquées par les nouveaux hommes forts du Mali, le Colonel Assimi Goita et ses frères d’armes. Ces concertations auxquelles toutes les forces vives du pays sont conviées, plancheront, officiellement, sur la gestion de la transition et cela deux semaines après la démission du Président de la République IBK. Cette deuxième tentative du Comité National pour le Salut du Peuple, CNSP, intervient après l’échec d’une première concertation non inclusive, selon certains acteurs majeurs. C’est pourquoi la junte a pris soin d’inviter toutes les forces sociopolitiques afin qu’un consensus puisse se dégager pour une transition politique acceptable.
Après avoir pris connaissance de la convocation, quelques questions majeures nous ont assaillies, parmi lesquelles, est ce queces concertations permettront d’aboutir à des organes et à une feuille de route consensuelle pour une transition apaisée. Ne seront-elles pas une manière pour la junte d’avoir une légitimité populaire et de pouvoir se maintenir, si telle est la volonté de la majorité des participants ? Le M5 RFP sera-t-il présent à ce forum qui serait à leurs yeux un bricolage et un tricotage d’un tissu taillé à la mesure du Colonel Assimi Goita et ses compagnons d’armes ?
Tout porte à croire que les jeunes officiers mutins n’ont pas compris l’appel pressant que l’autorité morale du M5 RFP, en l’occurrence l’Imam Mahmoud Dicko, leur a lancé. Ils continuent dans leur lancée suicidaire en œuvrant et en manœuvrant de façon solitaire. En analysant le communiqué qui a valeur de convocation, on ne sent pas la touche du M5 RFP et pourtant ce mouvement est un acteur majeur du changement qui a eu lieu le 18 Août 2020. Donc vouloir écarter le M5 RFP ou encore le mettre aumême rang que les forces opposées au changement, est un crime de lèse-majesté. Le M5 RFP avait fait 99 % du boulot avant d’être parachevé par les officiers du CNSP, donc à César ce qui appartient à César, au M5 RFP sa victoire. En effet, la crainte d’un échec des concertations n’est plus à évacuer d’un revers de main. Tous les indices d’un fiasco sont réunis, ils sont d’abord d’ordre organisationnel, mais également par le profil des participants à ce forum, l’on ne saurait s’attendre à quelque chose de positif.
La convocation, par sa forme, pose de sérieux problèmes de représentativité, car en demandant à tous les partis politiques de la Majorité, comme ceux de l’opposition ainsi que le M5 RFP et les organisations de la société civile, on créerait un tel désordre qu’on ne pourra rien construire de potable. Les partis politiques sont au nombre de 264, les organisations de la société civile sont aussi nombreuses. Comment pourrait-on canaliser ce monde disparate ?
Parlant du fond, l’ordre du jour proposé par la junte et qui sera soumis aux participants aux concertations nationales, est tout aussi confus et touffus. Par conséquent,il ne permettra pas de mener un débat franc, constructif, permettant d’avoir les éléments constitutifs d’une bonne transition. Ces concertations, si elles ont lieu ne seront juste qu’un cadre permettant aux hommes politiques et à ceux des organisations de la société civile de défiler sur le podium et cela pendant deux jours pour arriver à la conclusion qu’il faille permettre à la junte de diriger la transition parce que les civils ne se sont pas entendus .
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept