Enfin, la course de fond devant aboutir au Dialogue national dit inclusif a débuté par 2 jours de concertations locales le mardi 8 et le mercredi 9 octobre 2019, dans plus de 600 des 703 communes que compte le Mali. La seule fosse note de cet important rendez-vous est l’absence des partis politiques, des mouvements et des associations de la société civile qui ont refusé d’y prendre part en l’état. Ne faudrait-il pas continuer à dialoguer avec eux afin de les convaincre pour le Mali ? Leur absence ne ferait-elle pas perdre à ce dialogue son caractère inclusif, voire national, eu égard à leur poids ? Ils prendront certainement le train dans une gare avant Bamako pour être à cet important rendez-vous de l’histoire, même si les griefs avancés sont justifiés. Les opposants à ce dialogue ne devraient pas perdre de vue le jugement que l’opinion nationale comme internationale fera de leur refus, surtout qu’elle pense à tort ou à raison que ce dialogue sera la catharsis aux maux qui minent notre pays. Ils doivent participer et prendre à témoin le Peuple. En attendant, le train adémarré par les concertations locales à l’échelle de la commune.
Ces concertations avaient pour but essentiel de recueillir les avis sur la gouvernance du Mali depuis belle lurette, sur les difficultés que les populations rencontrent quotidiennement dans leurs localités respectives et enfin faire une ébauche de solutions. Les informations issues des concertations locales devront être consignées dans un document et remontées à la hiérarchie administrative supérieure avant d’être acheminées vers le niveau national pour le forum tant attendu.
Théoriquement, la procédure semble être agréée par bon nombre de citoyens car elle permet aux populations à la base de donner leur avis sur la vie de la Nation et de se sentir impliquer dans la gestion des affaires de la Respublica. La seule question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les choses se sont déroulées sur le terrain comme conçues et prévues par les initiateurs du dialogue ? Selon nos informations, dans certaines communes, tous les acteurs sociopolitiques n’ont pas été impliqués, les organisateurs se seraient limités à quelques partis politiques, quelques mouvements de jeunes et de femmes et quelques chefs de village. La raison fondamentale de l’exclusion de certains acteurs est de pouvoir bénéficier de perdiems, car à la clef, il y avait plus de 2 millions par commune. Un audit serait approprié, après cette première phase, pour vérifier si l’argent du contribuable a été utilisé à bon escient.Il est surtout à rappeler que ces concertations locales auraient coûté, à coup sûr, la bagatelle de 2 milliards de francs CFA.Pour quels résultats, si déjà on exclut certains acteurs et on s’accommode de l’absence d’autres ?
En somme, si les maliens dans leur écrasante majorité ont plaidé pour la tenue d’un forum national, ou dialogue national ou encore concertation nationale, peu importe son nom, ils comprendraient difficilement l’absence de certains grands ténors de la société civile et de la classe politique malienne. Il revient encore aux tenants du pouvoir de s’impliquer davantage pour que les opposants soient présents au dialogue national.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept