Mot de la semaine : Massacre

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Sur une barricade, un jeune manifestant observent l'arrivée de la police, à Bamako, au Mali, le 11 juillet 2020
Sur une barricade, un jeune manifestant observent l'arrivée de la police, à Bamako, au Mali, le 11 juillet 2020

Le Mali  a-t-il ressemblé à la Tchétchénie les 10, 11 et 12 juillet 2020 ? Telle est la question que beaucoup d’observateurs se posent après le massacre perpétré par des hommes sans foi ni loi. Des tueurs en série sous la tenue des forces de Défense et de Sécurité du Mali. Ceux qui ont perpétré ces crimes odieux sont-ils réellement des maliens ? Comment peuvent-ils retourner l’arme contre leur peuple ? Les commanditaires n’ont-ils pas d’autres agendas?

Le bilan macabre de cette barbarie d’une autre époque, selon des sources hospitalières, serait de 15 morts et de plus de 125 blessés. Par ce massacre des populations civiles, le régime IBK semble franchir la ligne rouge et s’expose désormais à des poursuites de la Cour Pénale Internationale.Le régime, en franchissant le Rubicon du tolérable, passe aujourd’hui pour être l’un des régimes les plus sanguinaires du monde. Ce massacre d’une autre ère est la preuve que le régime IBK est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Sinon, comment comprendre qu’un Président de la République qui jouit d’une légitimité,  puisse réserver un tel triste sort à une frange importante de sa population dont le tort serait de réclamer sa démission et celle de son régime.

Le dialogue qui aurait dû être amorcé avant même les tueries, a désormais  du plomb dans l’aile, car les victimes que sont les militants du M5 RFP, ne seront plus prêtes à s’assoir autour de la même table que leur bourreau. Et du coup, les leaders du M5 RFP  ont remis en jeu la première revendication, celle relative à la démission du Président de la République. Ils sont tellement déterminés que les médiateurs nationaux et internationaux auront non seulement  du pain sur la planche, mais aussi et surtout, auront du mal à convaincre le M5 RFP à revenir autour de la table de négociation.

Ils auront fort à faire pour convaincre les leaders du M5 RFP qui, en plus de l’émotion et de la colère, sont arrivés à la conclusion qu’il n’y a rien à négocier, à part les modalités de la  démission  d’IBK et de son régime. IBK n’a-t-il pas semé le vent pour ensuite récolter la tempête ?

Le Président de la République a laissé la situation pourrir pour ensuite parer au plus pressé. Sinon  la mission de haut niveau  de la CEDEAO avait fait différentes recommandations de sortie de crise. Ces recommandations pouvaient être une base de discussion pour le régime, mais, comme maudit par les dieux de la paix et de la stabilité, le Président de la République  a tout simplement placé ces propositions dans les placards en pensant pouvoir canaliser les manifestants et les tenir à l’usure. Mauvais coaching de la part du Président de la République, car les manifestants sont sortis encore plus nombreux le 10 juillet 2020 et leur détermination n’a jamais faibli. S’en est suivi le plus grand massacre post révolution 91. Les mains des tenants du pouvoir sont tachées de sang des innocents. Ainsi, pour atténuer la colère des militants du M5 RFP, IBK a vidé la Cour Constitutionnelle, en abrogeant le décret de nomination des membres restant de l’institution. Comme si cela ne suffisait pas, Karim Keita, le Président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale et non moins fils du Président de la République, a jeté l’éponge à la Commission. Ces deux  gestes, bien que significatifs, ne sont pas parvenus à calmer la colère des manifestants qui ne demandent rien d’autre que la démission d’IBK et celle de son régime.

Youssouf Sissoko

Source : Inf@sept

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