MOT DE LA SEMAINE : MISSION

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C’est à travers un Flash spécial que le Ministre Secrétaire général de la Présidence, Moustapha Ben Barka, a lu le décret de nomination des membres du gouvernement le dimanche 5 mai 2019. Enfin, après plus de dix jours de tergiversations, l’équipe de Boubou Cissé a vu le jour, avec 38 ministres dont 9 femmes et 2 secrétaires d’Etat. Attendu pour être un gouvernement de large ouverture ou d’union nationale, c’est plutôt un gouvernement de Mission qui a été mis en place. Selon le Premier ministre Boubou Cissé, la première évaluation de cette nouvelle équipe est prévue dans six petits mois. Le PM a-t-il mesuré l’immensité et la délicatesse des missions assignées à la nouvelle équipe avant de fixer la date de la première évaluation ?

Ce gouvernement porte déjà en lui trois handicaps sérieux : le premier est le nombre élevé de ministres. La pléthore dans le gouvernement poserait le risque de chevauchement entre départements ministériels, ce qui entraverait l’action gouvernementale. Le deuxième handicap serait le manque de ressources disponibles pour relever les multiples défis qui assaillent le Mali. Il faut certes des idées et des stratégies, mais il faudrait surtout des moyens financiers. Dans un pays où les caisses sont en permanence vides, pourrait-on espérer sur des ressources financières pour résoudre diligemment les multiples problèmes et relever les défis ? Le troisième obstacle qui risque de freiner l’allure du Premier ministre qui voudrait dans six mois noter ses ministres, serait la qualité des hommes et des femmes qui composent ce gouvernement.

S’il faut reconnaitre qu’il y a des têtes pensantes, il n’en demeure pas moins qu’il y a aussi des ministres qui ne sont pas bons. Beaucoup d’entre eux ont été vus à des postes de responsabilités, leurs rendements n’ont pas été à hauteur d’espérance. D’autres ministres, nouveaux ou anciens, qui ont montré toutes leurs limites à des postes ou dans l’équipe précédente sont dans le gouvernement. Que pourrait-on attendre de ceux-ci ? Rien, si ce n’est de la monotonie.
En plus de ces trois obstacles qui se dressent devant les ministres, il y a également l’immensité, la profondeur et la délicatesse des missions à accomplir. Pour un pays qui est sur le point de s’écrouler où tout est hyper urgent, ne serait-il pas trop demander à des ministres d’atteindre les objectifs qui leur seront assignés, et en un laps de temps record, sachant bien le rythme de travail du capitaine du bateau Mali ?

Parmi les immenses tâches, il y a déjà les réformes institutionnelles à mener pour ne pas s’attirer les foudres de la communauté internationale. Pour mener à bien ces réformes, il faudrait un dialogue inclusif et un consensus, toutes choses qui ne sont pas gagnées d’avance. Ensuite, l’école est une urgence pour sauver politiquement l’année, sinon pédagogiquement impossible.
Que dire de la délicate mission de sécurisation du nord, du centre et même du sud. Le ministre de la sécurité, le général Salif Traoré qui est certes en terrain connu, mais n’a pas permis d’obtenir les résultats escomptés dans l’équipe sortante, pourra-t-i faire mieux cette fois-ci ?
En somme, les missions, à défaut d’être impossibles compte tenu du contexte politico social, semblent être délicates pour l’équipe dirigée par Boubou Cissé.

Youssouf Sissoko

Source: Infosept

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