Mot de la semaine : Rupture

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Emmanuel Macron aux côtés du président malien Ibrahim Boubacar Keita lors de la séance d'ouverture du sommet des forces du G5 Sahel à Bamako, Mali, le 2 juillet 2017
Emmanuel Macron aux côtés du président malien Ibrahim Boubacar Keita lors de la séance d'ouverture du sommet des forces du G5 Sahel à Bamako, Mali, le 2 juillet 2017

Y a-t-il rupture diplomatique entre Bamako et Paris ou, tout au moins, un froid dans les relations des deux pays ? Cette question vaut son pesant d’or quand on sait que le Président français, Emmanuel Macron, a organisé au Palais de l’Elysée à Paris une réunion  internationale de haut niveau consacrée à la lutte contre les contenus en ligne à caractère terroriste ou relevant de l’extrémisme violent, sans inviter le Président malien. Et, contre toute attente, c’est le Président sénégalais Macky Sall qui a été invité à prendre part à cette réunion.

Pour rappel, le Président Sénégalais a été invité à la fois par Macron et par Madame Jacinda Ardem, Premier ministre de la Nouvelle Zélande, cet autre pays victime du terrorisme. Cequi est  d’autant plus révoltant, c’est surtout la pléiade de pays invités sans le Mali, l’épicentre du terrorisme au sahel. Parmi ces pays, nous pouvons citer l’Allemagne, l’Australie, le Canada, La Grande-Bretagne, l’Indonésie, l’Irlande, le Japon, la Jordanie et la Norvège. Pourquoi au lieu du Mali,  c’est le Sénégal qui a été plutôt invité ?

La réponse à cette question est à chercher du côté de Koulouba. Tout porte à croire que le torchon brûle entre IBK et Macron. Selon nos analyses, trois raisons pourraient être à la base de la rupture de confiance entre les deux Présidents, français et malien. La première raison serait liée au départ du Premier Ministre, SoumeylouBoubèyeMaiga, alias SBM. Ce n’était plus un secret que c’est Soumeylou Boubèye Maiga qui a convaincu la France à soutenir IBK pour un second mandat, en contrepartie de son maintien au poste de Premier ministre afin qu’il veille sur les intérêts français au Mali. Avec le départ de SBM, la France n’a plus de fervent soutien et ses intérêts ne sont plus préservés.

La deuxième raison  serait la montée en puissance des religieux. La France est très formelle la dessus, le départ  de son poulain Soumeylou Boubèye Maiga est la conséquence logique de la montée en puissance des religieux sous l’influence de deux figures emblématiques, à savoir Mahmoud Dicko et le Chérif Bouyé de Nioro. La France ne saurait comprendre comment IBK a pu céderà la pression des religieux en lâchant SBM. IBK apparait désormais aux yeux d’Emmanuel Macron comme un Président faible qui ne mérite plus certains honneurs.

La troisième raison serait la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord. La France serait en colère en constatant que malgré les nombreux sacrifices qu’elle est entrain de consentir pour qu’il  y ait la paix et la stabilité  au Mali, le Gouvernement IBK ne fait pas assez pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.Si François  Hollande a déroulé le tapis rouge devant IBK lors de sa visite d’Etat en France, son successeur Emmanuel Macron est en train de le bouder parce que mécontent de son bilan dans la gestion de la crise sécuritaire.

En définitive, c’est au moment où le Mali a besoin de plus de soutien multiforme que ses principaux alliés lui tournent le dos. En invitant Macky Sall à une réunion internationale de haut niveau consacrée à la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron et Madame le Premier ministre de la Nouvelle Zélande ont, semble-t-il, voulu envoyé un message  fort au Président de la République du Mali pour qu’il accomplisse sa part du contrat. A-t-il la volonté et les moyens de le faire ?

Youssouf Sissoko

SourceInf@sept

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